Festival Cinéma du Réel | Critique : Garderie nocturne

La nuit tombe, les garderies ferment leurs portes, tandis que celle de Mme Coda, une vieille dame du centre-ville de Bobo-Dioulasso, s’ouvre à de nombreuses filles de joie prises entre leur travail et la garde de leurs enfants.

Garderie nocturne
Burkina Faso, 2021
De Moumouni Sanou

Durée : 1h07

Sortie : –

Note :

LES FEMMES DE LA NUIT

En quelques vives scènes muettes, le Burkinabé Moumouni Sanou, qui signe ici son premier long métrage, plante habilement le décor de Garderie nocturne. Une femme âgée accueille chez elle les bébés d’autres femmes qui, la nuit, partent travailler. Sanou filme au petit matin les visages fatigués de ses protagonistes, des travailleuses du sexe qui viennent récupérer leur bambin et s’endorment enfin. Le confort est spartiate, les conditions de vie semblent difficiles – mais le film pourtant n’est jamais misérabiliste.

Garderie nocturne est très réussi car son point de vue est le bon. Il n’élude pas la dureté du quotidien de ces femmes, ne romantise pas leur existence, mais il fait aussi d’elles des sujets vivants. Adam, Odile et Fatim parlent (ensemble, pas à l’homme derrière la caméra) des risques qu’elles encourent, des kinks farfelus de certains clients, de ceux qui ont trop bu pour faire quoi que ce soit. En apparence souveraines, elles déambulent dans un quartier festif où, bien qu’il fasse nuit, le vacarme règne. Les jours et les nuits se suivent.

Dans ce cadre patriarcal, où, comme le commente le cinéaste, les jeunes filles sont priées de se marier et où le célibat d’une femme est sujet de suspicion, Moumouni Sanou filme une émouvante communauté de femmes, une sororité poignante entre marginales et entre générations. Les bébés sont partout, les hommes nulle part. Cela n’empêche pas ces authentiques héroïnes de vivre, d’avancer et de danser.

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par Nicolas Bardot

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