Critique : Berlin, été 42

Berlin en 1942, c’est le plus bel été pour Hilde, follement amoureuse de Hans et joyeusement enceinte. Mais la passion s’accompagne d’un grave danger. Hans s’engage dans la résistance antinazie, avec un groupe de jeunes gens que l’on appellera plus tard l' »Orchestre rouge ». Malgré les risques énormes, Hilde décide de s’engager elle-même, mais elle est arrêtée par la Gestapo et donne naissance à son fils en prison. Désormais dans une situation désespérée, Hilde développe une force d’inspiration tranquille, mais il ne lui reste que quelques mois à vivre avec son fils.

From Hilde, With Love
Allemagne, 2024
De Andreas Dresen

Durée : 2h04

Sortie : 12/03/2025

Note :

TOUTE MA DOUCEUR

S’agit-il juste d’une coïncidence ou bien y a-t-il un lien entre le faits que les films les plus poignants d’Andreas Dresden se situaient à l’époque contemporaine (Septième ciel, Arrêt en pleine voie) et que sa recette s’est diluée depuis qu’il ne tourne plus que des films se déroulant dans un passé plus ou moins proche (Le Temps des rêves, Rabiye Kurnaz contre George Bush) ? Si ses films ont toujours été très fidèle au réalisme, ils sont devenus davantage didactique à mesure qu’ils remontent le temps. Dresen poursuit ici sa sage exploration de l’Histoire allemande, s’arrêtant pour la première fois sur la plus inévitable de toutes les cases inévitables : le nazisme et la résistance.

Hilde Coppi, qui a réellement existé, n’est pas filmée ici comme une superhéroïne rendue immense et inflexible par son sens moral. Cachée derrière ses lunettes d’étudiante androgyne, elle serait plutôt du genre à s’excuser de parler la bouche pleine en plein interrogatoire par la Gestapo. On peut remercier Dresen de savoir éviter l’iconisation à outrance et de ne pas forcer le trait non plus sur des horreurs déjà reconstituées cent fois ailleurs. Mais il pêche peut-être par l’excès inverse. Le film prend le parti de se focaliser davantage sur la vie amoureuse d’Hilde que sur ses actes politique et pourquoi pas ? Mais la terreur de l’époque y est tellement laissée hors champ que cela en manque de crédibilité. Hilde a beau être emprisonnée, elle a quand même du thé et des petits gâteaux dans sa cellule.

Le va-et-vient entre deux époques (la rencontre amoureuse puis l’emprisonnement) enferme From Hilde, With Love dans un train-train historique assez prévisible qui ne rend pas toujours justice à l’idée quand même assez saugrenue et audacieuse de raconter cette histoire-là avec beaucoup, beaucoup de douceur.

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par Gregory Coutaut

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