Festival d’Antalya | Critique : Dialogue

Deux comédiens passent une audition pour un film où ils devront jouer un couple sur le point de se séparer.

Dialogue
Turquie, 2021
De Ali Tansu Turhan

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

LES MOTS LES MOTS LES MOTS

Dialogue débute par un intrigant split-screen montrant les deux protagonistes du film, Ushan et Hare, en train de passer séparément une audition pour le même film. Alors qu’ils ne se sont pas encore rencontrés, ils devront jouer un homme et une femme sur le point de se séparer. Tandis que le décor de ce film est en train d’être assemblé, ils répondent chacun de leur côté à des questions sur leurs goûts personnels (posé par un réalisateur invisible) et leur voix se superposent par instants, tandis que le cadrage renvoie leurs deux visages en miroir.

Premier film du cinéaste turc Ali Tansu Turhan, Dialogue n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de mise en abyme. Ushan et Hare sont d’ailleurs interprétés par des comédiens réellement nommés Ushan et Hare (tous deux très bons) et on pourrait se croire dans une variation d’XY d’Anna Odell. Pourtant, il y a d’emblée trop de dialogues, trop de niveaux de lecture, trop d’artificialité et de prise de tête. Les scènes s’enchainent mais les rouages sont péniblement grippés. Les protagonistes peinent à comprendre leurs propres personnages, leur incapacité à parler ou à se taire, et on partage un peu trop bien leur frustration. Mais Dialogue a plus d’un tour sans son sac.

Soudain le film se tait. Les deux comédiens quittent le plateau et leurs rôles. Commence alors un reflet inversé du film hystérique que nous étions en train de voir jusqu’ici. Un long plan séquence silencieux vient apporter une incroyable respiration. C’est précisément dans l’absence de dialogue que le film devient enfin touchant, et même gracieux. Bien vu. Dans un ultime revirement, le film revient par la suite à ses gimmicks narratifs, mais quelque chose s’est amélioré entre temps. L’ensemble est devenu plus fluide, plus vivant et bel et bien émouvant. La magie de la scène centrale ne revient certes plus, et le film conserve une structure étrange d’accent circonflexe. Le résultat est imparfait mais singulier et prometteur.

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par Gregory Coutaut

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