TIFF 2022 | Critique : Between Two Dawns

Ce soir, Kadir doit rencontrer les parents de la fille qu’il aime. Mais suite à un accident dans l’usine familiale, sa journée va prendre un virage inattendu.

Between Two Dawns
Turquie, 2021
De Selman Nacar

Durée : 1h31

Sortie : –

Note :

L’AGE D’HOMME

Dans l’usine familiale, Kadir est le seul à savoir parler anglais. Avec ses airs de gendre idéal, c’est d’ailleurs lui qu’on envoie faire belle impression devant les clients étrangers. Kadir a l’âge des responsabilités : celle de faire tourner la boutique, mais aussi celle d’épouser sa fiancée, ou du moins d’enfin aller rencontrer ses parents. En un mot : Kadir a l’âge de devenir un homme pour de bon. Il ressemblerait pourtant davantage à un grand garçon déguisé en adulte, avec sa chemisette a la mauvaise taille et ses coupures de rasage. Pas le temps d’attendre de se sentir prêt : tout comme les machines bruyantes de l’usine au bord de la surchauffe, la machine à rentrer dans le rang ne doit pas s’arrêter, ou alors gare.

Lorsqu’un des ouvriers est blessé dans un accident, c’est au grave Kadir que revient la lourde responsabilité d’aller convaincre sa famille de ne pas porter plainte, quitte a leur mentir. Plongé en plein dilemme moral, ce dernier voit sa chemise pastel soudain tachée de sang, tout un symbole. Lui qui pensait que son entrée dans l’âge adulte se ferait par le cérémonial d’une demande en mariage au beau-père, le voici introduit dans des bureaux où les hommes règlent leurs problèmes à coups de magouille, où l’on parle de pot-de-vin du bout des lèvres en croquant des biscuits fins.

Comme l’indique son titre en forme de compte à rebours, Between Two Dawns en se déroule en 24 heures. S’il est d’une brièveté bienvenue, le film ne possède pas pour autant un rythme de thriller, et se repose parfois un peu trop sur des dialogues pour avancer. Pour son tout premier film, le cinéaste Selman Nacar fait cependant preuve d’une élégance et d’une efficacité notables dans sa manière de dépeindre l’héritage forcé d’une monstruosité ordinaire, cachée sous de jolies manières.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article