Festival Chéries-Chéris | Critique : Arturo à la trentaine

En mars 2020, à quelques jours des débuts de la pandémie, Arturo est invité au mariage d’une amie.

Arturo à la trentaine
Argentine, 2023
De Martín Shanly

Durée : 1h32

Sortie : prochainement

Note :

LE MONDE ADULTE, UN MONDE ABRUPTE

Arturo à la trentaine commence exactement là où l’indique son titre : en pleine comédie de trentenaire. Du moins c’est ce que le cinéaste Martín Shanly veut nous faire croire. Les cheveux en bataille, attachant mais largué, Arturo le célibataire est comme un chien dans un jeu de quilles au mariage de ses amis. Cette mise en place familière, Shanly ne tarde pourtant pas à l’envoyer valdinguer presque littéralement : on installe Arturo sur la banquette arrière d’une voiture déjà trop remplie et c’est l’accident. Il sort du véhicule renversé intact mais sonné. Il tente de reprendre la route mais quelque chose a changé. C’est le film entier qui vient de dérailler.

Soudain l’action se déroule quelques années auparavant, puis plus tard change encore date. Sans que l’on quitte Arturo le maladroit, son passé d’ado et son présent d’adulte viennent s’alterner pour nous montrer qu’il n’a jamais réussi à maîtriser le cours de sa vie. L’idée narrative fait sens, mais Shanly la souligne avec un peu trop de gimmicks. Sans virer pleinement au film méta comme ceux de ses compatriotes argentins Llinás, Moguillansky ou Citarella, Shanly vient interpréter lui-même le rôle-titre et rajoute en plus sa propre voix off. La sympathique comédie se transforme un labyrinthe quelque peu agaçant, comme si le cinéaste voulait compliquer les choses juste pour le plaisir.

Derrière ce qu’on serait par moment tenté d’appeler des simagrées scénaristiques, il y a pourtant quelque chose d’intrigant qui se crée sur la longueur. Un gag récurrent veut que le quotidien d’Arturo est toujours au bord de l’accident , du plus bénin au plus grave. Le mariage du début à d’ailleurs lieu quelques jours avant l’épidémie de Covid. Associé à une vision de plus en plus amère des relations amicales qui se révèlent superficielles ou mesquines (la piste la plus poignante du film), ce compte à rebours donne à l’ensemble un drôle de relief morbide. Martín Shanly n’avait pas besoin de tant de détours pour y arriver, mais ce portrait d’une sagesse adulte qui n’existe pas se révèle finalement touchante.

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par Gregory Coutaut

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