Festival de Rotterdam | Critique : 100 Yards

Tianjin, dans les années 1920. Maître Shen est décédé, léguant son académie d’arts martiaux à son apprenti Qi, au lieu de son propre fils An. Consigné à un travail de banque ennuyeux, An rêve d’un duel avec Qi pour revendiquer ses droits. Lorsque Qi bouleverse l’académie avec ses plans d’expansion douteux, An y voit une opportunité de récupérer son héritage perdu.

100 Yards
Chine, 2023
De Xu Haofeng et Xu Junfeng

Durée : 1h48

Sortie : –

Note :

L’ART DU COMBAT

S’il a réalisé de brillants films d’arts martiaux ces dernières années comme The Sword Identity et Judge Archer, le Chinois Xu Haofeng est peut-être plus identifié chez nous pour sa collaboration avec Wong Kar-wai sur The Grandmaster en 2013. C’est pourtant un cinéaste qui gagne à être connu, et qui cette fois co-réalise son nouveau film avec son frère, Xu Jungfeng. Présenté au Festival de Rotterdam, 100 Yards se déroule dans la première partie du 20e siècle à Tianjin, théâtre d’un jeu de pouvoir entre les protagonistes du film.

On reconnaît très vite le style exquis de Xu Haofeng, à travers ses combats chorégraphiés avec une précision au laser. La netteté des gestes et du découpage est une merveille à voir, et se situe quelque part entre la comédie musicale et le tour de magie. La clarté des combats, parfois sans coupe, laisse bouche bée. Voilà ce qui fait merveille et rend 100 Yards si particulier : sa manière d’allier spectaculaire et dépouillement, virtuosité et sobriété. Chaque scène de combat est excitante et ressemble à un petit guide de mise en scène de cinéma d’action.

Le récit, pour sa part, nous a semblé moins lisible. Ce n’est pas pour autant un péché capital dans un film aussi généreux visuellement. Neige, orage et terre rouge dramatisent l’action tandis que les visages sont éclairés avec une ravissante subtilité. La caméra mobile et fluide est aérienne et sait quand il faut se poser. Le dimension glamour du long métrage (la beauté des acteurs, des vêtements, des coiffures – pas le moindre cheveu de travers) est également remarquable, tout comme sa brillante bande originale. 100 Yards aurait peut-être pu se passer encore plus de décors numériques, mais la recette du régime des frères Xu fonctionne de manière très satisfaisante : un peu de tout, de qualité, et juste comme il faut.

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par Nicolas Bardot

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