Après un beau parcours dans les festivals du monde entier, La Camarista sort en France le 17 avril. Il s’agit du premier long métrage très prometteur de la Mexicaine Lila Avilés, qui raconte l’histoire d’une femme de chambre travaillant dans un hôtel de luxe. La réalisatrice, qui n’a peur ni du silence ni de l’étrange, emmène son film bien plus loin qu’on ne l’imaginait…
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Quel a été le point de départ de La Camarista ?
Cela remonte à un bon nombre d’années maintenant. La première graine du projet a été ce livre de l’artiste Sophie Calle intitulé L’Hôtel. Elle a travaillé pendant deux mois comme femme de chambre dans un hôtel de Venise et a pris des photos des objets et de ce que les clients laissaient derrière eux. Cela a éveillé ma curiosité. J’ai alors commencé à suivre différentes femmes de chambre dans beaucoup d’hôtels jusqu’à être capable d’écrire un script avec ma propre vision.
Comment avez-vous envisagé le style visuel avec votre directeur de la photographie Carlos Rossini pour raconter cette histoire en particulier ?
J’ai su dès le départ que je voulais tourner les scènes sans coupe. Pour moi, trois choses étaient cruciales : que le film ait l’air vivant, qu’il ait aussi une part d’ombre et que l’hôtel soit très présent dans chaque plan. Il fallait aussi avoir une attention particulière vis-à-vis de ce qu’on entend mais qu’on ne peut pas voir.
L’hôtel est un des éléments clefs de La Camarista. C’est au départ un lieu réaliste qui peu à peu se transforme en espace pratiquement abstrait. Comment avez-vous travaillé sur ce point précis ?
Il était selon moi important de comprendre le monde d’Eve, l’héroïne du film, à partir du lieu où elle travaille. En l’occurrence, l’hôtel. Quel est son rapport au monde vu d’ici ? Comment l’hôtel influe t-il sur sa relation avec sa famille, sur sa propre intimité, mais aussi sur sa quête d’identité dans cet état d’absence ?
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
John Cassavetes, Lucrecia Martel et Aki Kaurismaki.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
Ce ne sont pas ce que j’appellerais de nouveaux talents mais les derniers films que j’ai beaucoup aimés sont Cold War de Pawel Pawlikowski et Burning de Lee Chang-Dong. Et j’aimerais beaucoup voir An Elephant Sitting Still de Hu Bo.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 19 mars 2019. Un grand merci à Isabelle Buron.
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