Amal est une chipie : elle souffle les bougies des autres, tient tête à des policiers en manifestation, elle fume si elle veut, elle grandit si elle veut. Elle se cherche. Si être une femme dans une Égypte post-révolutionnaire signifie renoncer à sa liberté, alors à quoi bon ?
Amal
Egypte, 2018
De Mohamed Siam
Durée : 1h23
Sortie : 20/02/2019
Note :
DECLARE INDEPENDENCE, DON’T LET THEM DO THAT TO YOU
Lors de ses séances d’athlétisme, Amal porte un t-shirt Superman. Cela pourrait, en fait, être son costume officiel car le long métrage de l’Egyptien Mohamed Siam fait le portrait d’une vraie petite super-héroïne. Amal a été tourné pendant 6 ans et l’on voit la jeune fille grandir, à l’image de ce que proposaient des documentaires récents comme Belinda de la Française Marie Dumora ou Brodre, Markus et Lukas de la Norvégienne Aslaug Holm. En 6 ans, les anniversaires s’enchainent et une adolescente a le temps de mener sa propre révolution. Amal, elle, assiste et prend part à une révolution historique dans l’Egypte de ces dernières années.
« Tu crois que j’ai la rage pour rien ? » : Amal est une héroïne transgressive à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle s’oppose au pouvoir, et qu’elle n’a pas peur de hausser le ton et bomber le torse face à la police. Ensuite, comme le notent des protagonistes qui parfois l’insultent, parce qu’Amal n’agit pas comme on l’attendrait de la part d’une fille. C’est un personnage romanesque qui est encouragé par son père (« Fais ce qui te plait et n’aie peur de rien ») et une figure féministe dans le tumulte de la brutalité masculine.
Amal questionne sa place de jeune femme, mais le documentaire questionne aussi sa place en tant que citoyenne. Faut-il être dans le système ou en être exclue ? Comment se construit-on à un tel âge, dans un tel contexte ? On se confronte beaucoup dans Amal, comme quand la jeune fille se confronte politiquement à sa mère. On choisit le moindre mal aux élections, on chante que la révolution a été une défaite. Il y a ici un souffle pour faire changer les choses dans ce documentaire dont l’héroïne crève l’écran.
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par Nicolas Bardot