Festival Cinélatino | Critique : Betânia

Betânia tente de renaître dans un désert brésilien, non loin de l’Amazonie.

Betânia
Brésil, 2024
De Marcelo Botta

Durée : 2h00

Sortie : –

Note :

LE DÉSERT VIVANT

Betânia vient de faire sa première française en compétition au Festival Cinélatino de Toulouse (quelques semaines à peine après sa première mondiale à la Berlinale), et nombreux étaient les films de cette édition à faire un parallèle entre géographie et identité intime : terre abandonnée ou héritée dans Cidade; Campo, terre ancestrale dans I Saw Three Black Lights, terre-prison dans Sujo, etc. Cette idée, le réalisateur brésilien Marcelo Botta la souligne sans ambiguïté puisque Betânia est à la fois de nom du village où se déroule l’action et le nom du personnage principal, une matriarche qui veille avec bienveillance sur ses voisins comme sur sa famille.

Betânia la ville et Betânia la personne sont toute les deux fatiguées mais vaillantes, on sent que l’âge d’or est derrière soi et on ignore ce que réserve l’avenir. L’industrie touristique peut-elle aider cette communauté menacée par la future déviation du cours du fleuve ? Les habitants s’inquiètent un peu, pleurent parfois mais rient souvent, et parfois les trois en même temps. La vie à Betânia est aussi tragicomique qu’ailleurs, alors même que le village semble authentiquement situé dans un coin de paradis : un refuge tropical caché parmi d’immenses dunes de sable blanc percées de lagunes turquoises.

Autour de la protagoniste éponyme, tout le monde s’agite et mène sa vie comme il ou elle l’entend. Passant sans faiblir ni s’attarder d’un personnage à l’autre, d’un micro-récit à l’autre, Marcelo Botta compose une mosaïque très colorée (les couleurs de ces paysages fous sont délibérément saturées), à la fois bancale et attachante. Comme si n’importe quel évènement pouvait arriver, mais que rien ne pouvait être vraiment grave. Ce zapping fonctionne avec joie, incluant même des parenthèses quasi documentaires où des habitantes racontent l’histoire de la région. On peut alors s’étonner de voir la deuxième partie du film soudain consacrer toute sa durée à une seule et même sous-intrigue (à base de touristes français forcément râleurs). L’ensemble est un peu déséquilibré par ce surplace, mais Betânia retrouve néanmoins son charme chaleureux au moment du dénouement.

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par Gregory Coutaut

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