Critique : Un prince

Pierre-Joseph a 16 ans quand il intègre un centre de formation pour devenir jardinier. Il y rencontre Françoise Brown la directrice, Alberto son professeur de botanique, Adrien son employeur, déterminants dans son apprentissage et la découverte de sa sexualité. 40 plus tard survient Kutta, l’enfant adoptif de Françoise Brown dont il a toujours entendu parler. Mais Kutta qui est devenu le propriétaire de l’étrange château d’Antiville semble chercher autre chose qu’un simple jardinier.

Un prince
France, 2023
De Pierre Creton

Durée : 1h22

Sortie : 18/10/2023

Note :

FLEUR SAUVAGE

Dans un coin de campagne boisée, quelques personnages se croisent, se tournent autour ou vivent leur vie en secret chacun de leur côté : un professeur de botanique, un apprenti jardinier, une mère adoptive, un petit garçon indien, etc. Un prince est comme un herbier dont on aurait intercalé les feuilles en dépit des classifications. Telle une plante poussant dans la direction et selon l’angle qui lui chante, l’inclassable long métrage du cinéaste français Pierre Creton ne se laisse pas aisément ranger dans une case ou une autre.

Un prince passe d’un personnage à l’autre, tissant une liane autour de ces différents récits entrelacés, mais ne s’arrête pas là. Les personnages à l’écran se voient accompagnés d’une voix off intérieure pourtant interprétée par d’autres comédiens (Matthieu Amalric, présent vocalement mais absent à l’image), un acteur se retrouve soudain remplacé par le réalisateur lui-même qui continue à jouer son rôle comme si de rien n’était, et ce recoin de France se retrouve entrecoupé d’images de brume au-dessus de Katmandou. Guidé par une logique de collage poétique, ce jardin sans frontière pourrait avoir l’air fantaisiste à souhait mais on ne peut nier que l’ensemble est au contraire pétri d’un très grand sérieux.

Les scènes de sexe gay intergénérationnelles évoquent ainsi peut-être davantage les provocations bravaches de Paul Vecchiali que les chaleureuses utopies d’Alain Guiraudie, et le gag érotico-grotesque présenté en conclusion (ah, cette manie très contemporaine de vouloir clore un film lent sur une image-choc sortie d’un chapeau) arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Tantôt agaçants et passionnants, les nombreux zigzags de ce drôle de film participent à le rendre unique, à défaut de le rendre extrêmement facile d’accès. Pour explorateurs cinéphiles avertis.

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par Gregory Coutaut

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