Critique : Kokomo City

Daniella, Dominique, Koko et Liyah se livrent sans tabou, avec humour et lucidité sur le travail du sexe, la communauté noire-américaine, la transidentité, les rapports femmes/hommes et l’amour. D. Smith, réalisatrice, elle-même concernée par ces enjeux, offre un regard cru, nerveux et rare sur la vie de ces femmes extraordinaires. Un documentaire coup de poing, surprenant et éclairant.

Kokomo City
Etats-Unis, 2023
De D.Smith

Durée :1h13

Sortie : 06/12/2023

Note :

CONFESSIONS NOCTURNES

Tour à tour, quatre femmes américaines viennent raconter leur vie à la caméra. Elles viennent d’endroits différents des Etats-Unis mais ont toutes en commun d’etre noires, trans et travailleuses du sexe. Plus important : aucune d’entre elles n’éprouve l’envie de s’en excuser, bien au contraire. Leur parole est particulièrement décomplexée, et cela passe autant par l’humour (elles ne sont pas avares en anecdotes sur les clients miteux ou improbables) que par des analyses sérieuses et articulées de leur situation. Intersectionnalité, convergence des luttes… ces femmes-là ont des choses à enseigner et elles en ont conscience.

Premier film de la réalisatrice trans D.Smith, le documentaire Kokomo City vient de faire sa première mondiale au Festival de Sundance, mais justement pas dans la section documentaire. Le film était montré dans la section Next, dédiée aux projets aux écritures hors-normes. Accessoirement, il vient de remporter les prix du public et du jury, prix qui étaient revenus l’an dernier à un autre documentaire d’un cinéaste trans, Framing Agnes.

Les entretiens s’enchainent dans Kokomo City et pourtant le résultat ne ressemble pas à un reportage télé. Autrice-compositrice et productrice de hip-hop, D.Smith transforme ces fières confessions en petits clips en usant d’effets humoristiques rappelant les codes de la blaxploitation (le générique de début défile sur Street Life de Randy Crawford). Ces gimmicks finissent par prendre beaucoup de place, mais le film bénéficie de ne pas être trop long. Parfois très proche de la comédie, ce documentaire inattendu n’évite pas les répétitions mais s’avère rafraichissant dans son invitation à nous faire voir les choses sous un autre angle.

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par Gregory Coutaut

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