Mostra de Venise | Critique : Princess

Le parcours d’une jeune femme nigeriane victime du commerce du sexe.

Princess
Italie, 2022
De Roberto de Paolis

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

PRINCESSE DE RIEN

On avait découvert le cinéaste italien Roberto de Paolis à la Quinzaine des réalisateurs en 2017 avec son premier long, Cœurs purs. C’est aujourd’hui à Venise, en ouverture de la section Orizzonti, qu’il présente son nouveau film intitulé Princess. Princess est le nom de son héroïne , prostituée nigériane de 19 ans. Son passé, sa famille, tout ce qui a précédé son apparition dans la première scène : tout cela reste hors champ. Le scénario que Roberto de Paolis a écrit en collaboration avec l’actrice se concentre sur l’ici et le maintenant. Princess s’ouvre sur un générique dont les enluminures évoquent les contes de fée mais, s’il est bel et bien question çà et là de figures propres aux genres (un prince presque charmant, un pacte transformé en malédiction par une madame/marâtre, et même un homme quasi-invisible), le film garde les pieds ancrés dans le quotidien le plus réaliste. D’ailleurs, Princess n’est pas une demoiselle en détresse. Le bois italien dont elle arpente les allées pour subvenir à ses besoins n’a rien d’enchanté.

La première partie du film suit le quotidien de Princess et son amie, enchainant les clients médiocres qui pinaillent sur un rien, tout en rêvant de bagnoles de luxe et de tiares en plastique. Le ton est d’une légèreté bienvenue mais la caméra a l’air mal à l’aise au moment de choisir comment capter tout ce naturel (à l’inverse de l’actrice principale, à l’abattage efficace). Les cadrages sur les scènes de sexe sont, au mieux, très discutables. La superposition de morceaux électro planants sur cette fiction quasi-doc pourrait évoquer la mélancolie d’Atlantide, film italien également passé à Orizzonti l’an dernier, mais la comparaison n’est pas à l’avantage de Princess, dont la mise en image demeure fort pauvre (l’approche documentaire a bon dos).

Dans sa deuxième partie, Princess quitte la chronique pour tisser des fils narratifs plus dramatiques. Outre l’apparition d’une figure de white savior qui laisse un peu perplexe, ce virage confirme l’impression que Roberto de Paolis ne réalise pas vraiment où sont les charmes de son film. La simplicité du long métrage s’embourbe pour virer au simplisme, et l’actrice en est réduite à couiner d’indignation sur la même note dans chaque scène. Il y a quatre ans à peine, la réalisatrice autrichienne Sudabeh Mortezai parvenait à suivre une recette très similaire et avec bien plus de succès à travers son film Joy, déjà présenté à Venise.

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par Gregory Coutaut

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