Critique : Je m’appelle Bagdad

Bagdad est une skateuse de 17 ans qui vit à Freguesia do Ó, un quartier populaire de la ville de São Paulo, au Brésil. Bagdad skate avec un groupe d’amis masculins et passe beaucoup de temps avec sa famille et avec les amis de sa mère. Ensemble, les femmes qui l’entourent forment un réseau de personnes qui sortent de l’ordinaire. Lorsque Bagdad rencontre un groupe de skateuses féminines, sa vie change soudainement.

Je m’appelle Bagdad
Brésil, 2020
De Caru Alves de Souza

Durée : 1h38

Sortie : 22/09/2021

Note :

BAGDAD ET SES SŒURS

« Va te faire foutre », tague Bagdad sur un mur de sa ville : on ne sait pas exactement à qui s’adressent ses mots fleuris, on ne sait pas à ce moment du film si elle le sait elle-même mais voilà c’est dit – « va te faire foutre ». Bagdad est une jeune femme androgyne qui traine avec des garçons, qui fait du skate avec eux, et qui ne ressemble pas aux autres filles. « Dieu merci tu es différente ! » lui dit-on et tout pourrait être ainsi heureux dans la vie de l’héroïne.

Bagdad est dans sa bulle mais se heurte parfois au réel. Pourtant, la plupart du temps, les antagonistes semblent poussés hors du cadre – et hors du bar. Le quotidien est vivant et haut en couleur, et c’est ce que Bagdad saisit avec sa caméra : filmer est aussi une manière d’affirmer. Dans son second long métrage primé à la Berlinale, la Brésilienne Caru Alves de Souza (lire notre entretien) dessine des dynamiques peu à peu plus complexes et ambiguës à partir d’archétypes classiques du récit d’apprentissage.

Bagdad appartient-elle vraiment à son groupe de garçons ? En creux, jusqu’à ce que cela devienne le centre du film, Je m’appelle Bagdad traite de la place des femmes et de l’espace occupé par les hommes. Les garçons du skatepark, les vieux misogynes du bistrot, les homophobes du terrain de foot… Chaque occasion est bonne pour rappeler où devrait être la place des femmes – généralement, ailleurs. Mais « allez vous faire foutre », pourrait taguer Bagdad sur leurs vilaines têtes. Le film raconte finement et de manière attachante l’entraide entre femmes, toutes les femmes (sœurette, amie, mère-courage, bonne fée trans) et la découverte de la sororité.

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par Nicolas Bardot

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