MISE A MORT DE LA GIRAFE SACRÉE

A l’origine de Life and Other Problems, présenté en première mondiale, en ouverture et en compétition au Festival CPH:DOX, il y a un fait survenu il y a une dizaine d’années. Dans un zoo de Copenhague, une girafe de deux ans nommée Marius est abattue : ses gènes étant surreprésentés dans la population captive, Marius a été éliminé afin d’éviter le risque de consanguinité. De cette histoire découle de nombreux questionnements examinés par le Danois Max Kestner dans son film, allant de la valeur de la vie d’une girafe à la valeur d’une vie animale en général.

« La mort est la conclusion naturelle de la vie » commente avec placidité le biologiste et directeur scientifique du zoo, Bengt Holst. « La mort fait partie du monde animal », ajoute-t-il. Pourtant, cette affaire va déchaîner des passions par-delà les frontières, qu’il s’agisse d’associations de protection animale ou d’autres zoos mais aussi, dans un registre plus étonnant, de fasciste tchétchène ou d’une éditorialiste tarée de Fox News. Ce cas précis est suffisamment intéressant pour mériter un film entier. Les autres sujets abordés par le film le sont aussi, mais sont juste à peine effleurés en comparaison, rendant l’ensemble parfois mal dosé. Est-ce un long métrage sur l’affaire Marius, ou bien ce fait divers est-il juste censé être un exemple parmi d’autres ?

Life and Other Problems est à la fois une intéressante enquête philosophique mais aussi un compte rendu réaliste du cas Marius. Le clash religion/science est intrigant, même s’il n’est jamais pleinement exploité. Cette hésitation se retrouve de manière plutôt stimulante dans le portrait d’Holst : est-il un grand sage ou un psychopathe ? Les faits scientifiques sont énoncés et sont indéniables, mais la froideur de cet orateur expliquant les bienfaits d’une dissection de girafe devant des enfants peut interpeler. Malgré une voix-off dispensable et envahissante, Life and Other Problems pose des questions pertinentes et compose un curieux diptyque consacré à l’inattendu rayonnement culturel des girafes après sr de l’Allemande Lea Hartlaub, dévoilé récemment à Rotterdam.

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