Les 10 meilleurs courts métrages du Festival de Rotterdam 2025

Quels sont été les courts métrages les plus remarquables de cette édition du Festival de Rotterdam ? Le Polyester vous propose 10 coups de cœur.

• A Thousand Waves Away | Helena Wittmann (Allemagne)
L’histoire : Au cœur d’une nature luxuriante, des personnages interagissent mystérieusement.
Pourquoi on l’aime : Remarquée notamment avec son beau long métrage Human Flowers of Flesh qui fut sélectionné à Locarno, l’Allemande Helena Wittmann met en scène un lieu magique où prend place un jeu de piste, à moins qu’il ne s’agisse d’une partie de cache-cache. On cueille des fleurs, on attend dans les branches, et s’assoit dans l’herbe dans ce court métrage élégant et chaleureux, bercé par une électro lancinante.

• Apt Mgr | Ian MacInnes (États-Unis)
L’histoire : Le cinéaste découvre qu’il est devenu, malgré lui, l’objet de la fascination du propriétaire de son appartement.
Pourquoi on l’aime : Est-ce une vraie-fausse caméra cachée, est-ce un found footage d’horreur ? La nature des images pose question de manière stimulante au fil de cette enquête étrange et angoissée. L’Américain Ian MacInnes opère de très surprenantes ruptures de tons dans ce récit d’un amour queer non partagé, dans lequel se côtoient des réalités totalement étanches et aux intrigants contrastes.

• Capitol Limited | Lily Ekimian Ragheb & Ahmed T. Ragheb (États-Unis)
L’histoire : Un voyage en train, un mariage et une tragédie.
Pourquoi on l’aime : Comment construire un récit en 2 minutes, générique compris ? Le duo de cinéastes Lily Ekimian Ragheb & Ahmed T. Ragheb se lance un défi encore plus grand en déployant des événements extraordinaires durant ces 120 secondes. Le résultat, dénudé et radical, est d’une frénésie presque comique mais aussi d’un minimalisme mystérieux. A l’ombre géante du monde, ces événements sont passés en un instant.

• Common Pear | Gregor Božič (Slovénie)
L’histoire : Dans le futur, des personnes regardent les témoignages de personnes âgées évoquant l’impact du mauvais traitement de la nature par l’humanité sur les arbres, les fruits et les récoltes.
Pourquoi on l’aime : Ce passé contemplé dans Common Pear, celui d’un apocalypse écologique, est tout simplement notre présent. La perspective fictionnelle choisie par le Slovène Gregor Božič, pour signer un documentaire sur une urgence d’aujourd’hui, est particulièrement originale : il s’agit ici d’un récit de science-fiction qui ne peut plus que constater l’échec de l’humanité à sauver, maintenant, notre planète.

• Durian, durian | Nelson Yeo (Singapour)
L’histoire : Deux âmes esseulées qui sont lassées de la vie se rencontrent sous un arbre à durian.
Pourquoi on l’aime : Auteur du brillant Dreaming & Dying, le Singapourien Nelson Yeo signe une nouvelle comédie traitant de la mort avec humour noir. Durian, durian mesure l’absurdité tragicomique de l’existence avec un gros grain Super 8. On attend la mort comme on attend Godot dans cette pépite douce et farceuse où tout s’achève joyeusement en chanson.

• La Durmiente | Maria Inês Gonçalves (Portugal)
L’histoire : Au 14e siècle, Beatriz, 10 ans, est forcée de se marier pour devenir reine du Portugal. Aujourd’hui, près de la tombe de Beatriz, des enfants de son âge rejouent et réimaginent son histoire.
Pourquoi on l’aime : Des garçonnets et fillettes contemplent six siècles qui les séparent de la petite Beatriz, future reine du Portugal. « Réveille-toi Beatriz », dit-on dans La Durmiente, beau court métrage qui évoque l’univers de l’Italienne Alice Rohrwacher à travers son superbe traitement formel, son rapport au temps et la sensibilité avec laquelle sont croqués ses protagonistes enfantins.

• Fort Garry Lions Pool | Ryan Steel (Canada)
L’histoire : Deux jeunes femmes s’immiscent de nuit dans une piscine publique.
Pourquoi on l’aime : Dans ce très court métrage (6 minutes) au récit particulièrement épuré, le Canadien Ryan Steel signe une mise en scène totalement sensorielle faite de vibrations et décadrages. Cette étrange matière formelle donne naissance à un film à l’énergie menaçante, comme griffonnée, où se côtoient des sentiments à la fois d’insouciance et d’inquiétude.

• Koki, Ciao | Quenton Miller (Pays-Bas)
L’histoire : L’autobiographie de Koki, le cacatoès de Tito.
Pourquoi on l’aime : Vous avez demandé un ovni ? C’est Koki le cacatoès qui va vous répondre. Dans Koki, Ciao, Quenton Miller donne la parole au perroquet de Tito et retrace, à partir de photographies, une Histoire composée de dictateurs variés. Pendant ce temps, le volubile oiseau traverse le temps, nous fait part de ses pensées, mais insulte aussi vos mères. Il faudra faire fort pour être plus fou que cette drôle d’étrangeté surréelle – et bien réelle.

• Ruletista | Lukas Valenta Rinner (Autriche)
L’histoire : Une femme cherche par tous les moyens de se suicider, mais c’est comme si la barre d’immeuble dans laquelle elle habite tentait de l’en empêcher.
Pourquoi on l’aime : L’Autrichien Lukas Valenta Rinner signe une curiosité morbide dont le moteur est un solide humour noir. Pauvre en explications et en dialogues, Ruletista chérit l’énigme qui empêche son héroïne de se foutre en l’air. Fable absurde ou force surnaturelle ? Dans le rôle principal, Ruletista peut compter sur la présence de la géniale et impayable Margaret Tiesel, remarquée notamment dans les films d’Ulrich Seidl.

• Tulip-chan | Saki Watanabe (Japon)
L’histoire : Lorsqu’une fillette s’approche d’elle et prétend être sa fille venue du futur, une femme se replonge dans ses souvenirs d’enfance.
Pourquoi on l’aime : Ce n’est pas faire insulte à ce projet de fins d’études, signé par la Japonaise Saki Watanabe, que de dire qu’il est volontairement laid. Ce style archi-brut crée à la fois un sentiment d’angoisse mais aussi un climat d’absurdité comique. Watanabe relève de manière surprenante le pari de composer un récit d’une grande ambition narrative, riche de ses différentes tonalités, à partir d’outils visuels volontairement limités.