Clap de fin sur la 41e édition du Festival des 3 Continents ! Vous avez pu suivre le festival en direct sur Le Polyester. Quels ont été les temps forts de cette édition ? Nous faisons le bilan.
La Montgolfière d’or du Festival des 3 Continents a été (très justement) remportée par le Mongol La Femme des steppes, le flic et l’œuf du Chinois Wang Quan’an (lire notre entretien). Ce surprenant film, dont on vous dit du bien depuis la Berlinale, débute comme une enquête (un corps est retrouvé dans la steppe mongole) pour s’aventurer… un peu partout. Fable lunaire, contemplation métaphysique, le long métrage, vivant et drôle, est visuellement à tomber. Il sortira en France au printemps 2020. Autre grand gagnant du palmarès : le documentaire algérien 143 rue du désert de Hassen Ferhani, qui raconte le quotidien d’une femme âgée vivant au cœur du Sahara. Elle sert le café et tient compagnie à ceux qui passent par là. Que perçoit-on du monde qui change depuis ce no man’s land ? Le film a tout du bon crowdpleaser et a d’ailleurs remporté à la fois le prix du jury, le prix des étudiants et le prix du public. Une mention spéciale a été attribuée au Colombien Valley of Souls de Nicolás Rincón Gille, l’errance tragique d’un père dont les fils ont été enlevés par les paramilitaires. Un brin programmatique, le long métrage reste formellement assez puissant.
Parmi les autres temps forts de la compétition, notre coup de cœur outre le Wang Quan’an a été le film d’animation N°7 Cherry Lane. Ce triangle amoureux dingue et joyeusement tordu, avec en toile de fond les émeutes de 1967 à Hong Kong, est un ovni camp complètement jubilatoire signé par un réalisateur qu’on connait encore mal en France : Yonfan (lire notre entretien). Vite, une rétrospective ! Ce film en dentelle de WTF a apporté de la fantaisie dans cette compétition là où certains films étaient asphyxiés par leur très très (très) grand sérieux (le Vietnamien The Tree House et surtout l’Azerbaïdjanais When the Persimmons Grew).
Le trésor de ces 3 Continents se trouve souvent dans ses rétrospectives. En tête cette année : l’ambitieuse rétro intitulée Le Livre noir du cinéma américain, qui fait un pas de côté dans la programmation dédiée à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique Latine. Ce focus s’intéresse aux réalisateurs afro-américains mais aussi à la façon dont le cinéma américain a pu traiter de protagonistes afro-américains comme dans l’intense The Intruder de Roger Corman. Il y avait des raretés absolues sur grand écran comme le très fort Within Our Gates d’Oscar Micheaux, film perdu puis réapparu, réalisé en 1919 par celui qui est considéré comme le premier réalisateur noir américain. Autre découverte quelques décennies plus tard : le drôle et attachant Dirty Gertie from Harlem USA de Spencer Williams, qui est un « race movie » c’est-à-dire un film produit hors des circuits hollywoodiens par des Afro-Américains, à destination du public afro-américain. Dans ce film de 1946, une artiste à la réputation sulfureuse quitte Harlem pour une île des Caraïbes où elle doit se produire. Au cœur de ce mélange réussi entre comédie et mélo scintille Francine Everett : belle et charismatique, elle semble être une star évidente… mais elle est une actrice noire dans les années 40, une barrière alors infranchissable pour être considérée par Hollywood.
Le réalisateur culte hongkongais Tsui Hark était également à l’honneur au festival avec une grande rétrospective. Aux côtés de ses films plus connus et plus diffusés, on a pu voir des œuvres un peu plus rares sur grand écran comme la comédie dramatique Shanghai Blues, une délicieuse fantaisie mélo réalisée en 1984 qui met en scène entre autres Sylvia Chang en star dans le Shanghai d’autrefois. Côté Amérique Latine, un focus spécial a été consacré au cinéma costaricain. Ces rétros ont été un double bonheur : cinéphile d’abord par l’exploration curieuse qu’elles permettaient, mais aussi celui de voir des salles remplies pour des œuvres qui sur le papier ne semblent pas forcément évidentes. Pourvu que ça dure !
Retrouvez tous nos articles consacrés au festival sur notre page spéciale.
Nicolas Bardot
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