LES LIONNES SONT VRAIMENT DES REINES

La Colline où rugissent les lionnes est le premier long métrage de Luàna Bajrami, qu’on a pu découvrir d’abord en tant qu’actrice notamment dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Ce film est tourné au Kosovo, pays rare en festivals de cinéma mais qui s’est fait très remarquer cette année avec des longs métrages tels que Hive de Blerta Basholli (couronné à Sundance) et Looking for Venera de Norika Sefa (primé à Rotterdam). La Colline où rugissent les lionnes fait lui sa première à Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs.

Luàna Bajrami raconte l’apprentissage et le désir d’émancipation de jeunes filles dans un coin complètement paumé. C’est un point de départ ô combien archétypal, souligné par ses dialogues (« tu as assisté à mon éclosion »). La Colline où rugissent les lionnes laisse de la place au hors-champ, à l’anti-événementiel. Il y a, chez Luàna Bajrami, une manière discrète de placer ses personnages dans des paysages vides parfois immenses. Le film fait naître un ressenti à la fois solitaire et chaleureux.

Mais le long métrage, à nos yeux, n’évite pas non plus certains clichés visuels, lors de plans allongés sur l’herbe, lors de danses les bras en l’air, lorsque les bras dépassent de la voiture. Ses ellipses sont élégantes mais pas suffisantes pour permettre au film de vraiment décoller des lieux communs. De quoi les lionnes ont-elles peur, que combattent-elles ? On aurait aimé que ces questions soient explorées avec peut-être plus de fougue ou de feu, mais le mélange d’atmosphère paisible et de tension dans ce premier essai demeure plutôt prometteur.

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