Festival de Cannes 2024 : nos 10 courts métrages préférés

La 77e édition du Festival de Cannes s’est achevée ce samedi et Le Polyester vous propose un tour d’horizon de 10 coups de cœur parmi les courts métrages sélectionnés cette année au festival, ainsi que plusieurs entretiens.



Bad for a Moment | Daniel Soares (Portugal, Compétition officielle)
L’histoire : Un événement de team-building tourne mal et confronte le propriétaire d’un cabinet d’architectes à la réalité du quartier populaire que sa société est en train de gentrifier.
Pourquoi on l’aime : Ce portrait social d’un quartier en gentrification se pare d’un ton particulier et d’une élégance désabusée parfois proche de l’humour noir. Le Portugais Daniel Soares parvient à dépeindre la violence sociale sans mettre en scène de violence à l’écran, dans ce court métrage qui a reçu une mention spéciale au palmarès.



Extremely Short | Kōji Yamamura (Japon, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : Entre calligraphie, embryologie et paroles d’outre-tombe, un poème convulsif qui s’enroule autour de la syllabe « da » en japonais – un souffle qui peut être le premier ou le dernier.
Pourquoi on l’aime : Extrêmement court en effet, puisque cette vignette animée ne dure que 5 petites minutes, générique inclus. C’est pourtant l’existence entière qui bouillonne dans ce soubresaut à la fois primitif et surréaliste. Le Japonais Kōji Yamamura signe un film étonnant dont la tension est aussi insensée qu’existentielle.



The Girl and the Pot | Valentina Homem (Brésil, Semaine de la critique)
L’histoire : Dans un monde dystopique, une jeune fille casse un vase en céramique qui recèle un secret. Cette action ouvre des portes vers un monde parallèle et la jeune fille s’engage dans une période de transformation dans laquelle il est enfin possible de créer un nouveau monde.
Pourquoi on l’aime : The Girl and the Pot est une fable d’animation déroutante et inventive, portée par une technique d’animation organique et particulièrement évocatrice. La Brésilienne Valentina Homem laisse une place précieuse à la rêverie dans ce court métrage auquel a participé la talentueuse Nara Normande (lire notre entretien).



The Man Who Could Not Remain Silent | Nebojša Slijepčević (Croatie, Compétition officielle)
L’histoire : Février 1993, Strpci, Bosnie-Herzégovine. Un train de passagers est arrêté par les forces paramilitaires. Alors qu’ils arrêtent des civils innocents, un seul homme sur les 500 passagers s’y oppose. Voici l’histoire vraie d’un homme qui ne pouvait pas rester silencieux.
Pourquoi on l’aime : Inspiré de faits réels, The Man Who Could Not Remain Silent est un huis clos dans lequel le Croate Nebojša Slijepčević utilise habilement le son et le hors champ afin de créer de la tension et nous questionner sur ce que l’on perçoit. Le cinéaste vient de recevoir la Palme d’or du court métrage pour ce film d’un intelligent minimalisme.



Montsouris | Guil Sela (France, Semaine de la critique)
L’histoire : Un beau jour d’automne, au Parc Montsouris, Jacques et Nathan cherchent des gens intéressants à filmer pour leur documentaire. Ils tombent par hasard sur Pierre et Martin, deux drôles d’oiseaux qui s’apprêtent à vivre un moment inattendu.
Pourquoi on l’aime : Lauréat du prix du meilleur court métrage à la Semaine de la Critique, Montsouris est un vrai/faux exercice de caméra cachée composant un tableau ludique et rafraichissant. La simplicité apparente et le dispositif stimulant laissent un espace précieux au regard attachant du cinéaste Guil Sela.



The Moving Garden | Inês Lima (Portugal, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : Visite d’une réserve botanique, en compagnie de deux jeunes guides. Alors qu’on les présente aux groupes de touristes, les plantes diffusent langueur et érotisme : un film où le désir flotte comme du pollen.
Pourquoi on l’aime : Cette promenade sensorielle tout en zigzags dans un jardin merveilleux offre un nouvel exemple de la vitalité d’un cinéma portugais onirique et ludique. On ressort de cette visite guidée avec l’impression d’avoir assisté à des éclosions secrètes et magiques.



Sauna Day | Anna Hints & Tushar Prakash (Estonie, Semaine de la critique)
L’histoire : Sauna Day vous invite dans le sud de l’Estonie, un monde où les hommes entrent dans l’espace sombre et intime du sauna après une dure journée de travail. Sous leurs airs de durs à cuire sommeille en secret leur désir de contact.
Pourquoi on l’aime : En début d’année sortait en France le remarquable documentaire Smoke Sauna Sisterhood, où l’Estonienne Anna Hints filmait une sororité chaleureuse. Sauna Day en est en quelque sorte le contrepied (un court métrage de fiction dont les protagonistes sont des hommes). Hints s’est associée à Tushar Prakash pour réaliser ce film élégant et sensuel, à la fois épuré et profond, sur l’intimité masculine.



Southern Brides | Elena López Riera (Espagne, Semaine de la critique)
L’histoire : Des femmes d’un âge déjà mûr parlent de leur mariage, de leur première fois, de leur rapport intime à la sexualité. Dans la répétition de ces rites ancestraux, la réalisatrice se questionne sur sa propre absence de mariage, d’enfants, et avec elle, une chaîne de relation mère-fille qui s’éteint.
Pourquoi on l’aime : Lauréat de la Queer Palm du court métrage, ce film documentaire signé Elena López Riera (révélée à la Quinzaine il y a deux ans avec son long El agua) offre un panorama émouvant et mystérieux de rituels matrimoniaux pour mieux mettre en valeur les voix de femmes qui se sont longtemps tues.



Supersilly | Veronica Martiradonna (France, Semaine de la critique)
L’histoire : Apres avoir pénétré à l’intérieur d’une tente, une petite fille en ressort effrayée, grandie et étrangement revêtue d’un costume de lapin. Dans ce voyage intérieur, cette jeune femme va tenter de comprendre le drame originel qui cause les souffrances qu’elle endure.
Pourquoi on l’aime : Avec son crayonné délibérément intense, des personnages vaguement humains mais trop souriants pour être honnêtes, ce dessin animé faussement enfantin possède un pied dans un cauchemar claustrophobe et l’autre dans une profonde tristesse, tout en nous mettant des couleurs explosives plein les yeux.



Volcelest | Éric Briche (France, Compétition officielle)
L’histoire : L’hiver est là. Pour survivre, Fuseline, contrainte par le manque de nourriture, fuit son milieu sauvage et va s’installer près d’une ferme isolée et ses poules. Son arrivée va menacer la précarité de l’homme qui vit là.
Pourquoi on l’aime : Le Français Éric Briche adapte une nouvelle de Louis Pergaud avec ce court d’animation entièrement muet et visuellement élégant. La splendeur de la nature y est contrebalancée en un puissant contraire fort par la violence sèche et la tension menaçante qui rodent.


Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut le 25 mai 2024.

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