C’est l’une des rayonnantes révélations de l’année : le Chinois Zhu Xin n’avait que 20 ans lorsqu’il a débuté le tournage de son premier long métrage, Vanishing Days. Sélectionné à Busan et à la Berlinale, il raconte l’histoire d’une jeune fille lors d’un été où le réel et la mémoire s’embrouillent. Ce petit joyau mêle rêve et réalité comme le ferait un Weerasethakul et rappelle Tsai Ming-Liang pour la façon dont il utilise l’espace urbain comme un outil narratif. Zhu Xin est notre invité de ce Lundi Découverte…
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Quel a été le point de départ de Vanishing Days ?
Le point de départ de Vanishing Days a été une nouvelle écrite par une amie lors de ses vacances d’été en 2016. Et les 20.000 yuan (environ 2600 euros, ndlr) donnés par mes parents pour tourner le film.
Il y a une atmosphère de rêve, quelque chose de très onirique dans votre film. Comment avez-vous travaillé sur le style visuel de Vanishing Days pour exprimer ce sentiment proche de la magie ?
Je ne pense pas que cela vienne strictement de mon style visuel. Je ne souhaitais pas particulièrement échapper à la réalité d’un point de vue formel – même si la réalité elle-même contient de choses qui vont bien au-delà de l’imagination. Mais peut-être que le sentiment dont vous parlez vient davantage de la structure du film. Il m’est arrivé d’avoir la sensation qu’un autre monde était caché à l’intérieur du monde dans lequel nous vivons. Pour faire référence à la chanson Broken Faces évoquée dans le film, peu à peu, je me rends compte que la fiction fait partie du visage. Et quand un film parvient à connecter la fiction et le réel, alors là c’est comme un rêve.
Le motif aquatique semble très important dans votre film. Il y a un lac, de la pluie, des tortues et des poissons, des trajets en bateau… Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
Je vis dans le sud de la Chine où il y a beaucoup d’eau. Et beaucoup de mes souvenirs sont imprégnés par ces eaux ! Une fois, j’ai failli me noyer dans un parc près du canal. Je suis tombé accidentellement dans une piscine et j’ai été incapable de faire un bruit. Il a fallu moins d’une minute pour que les gens viennent me sauver. Je tenais à faire un film rempli d’eau. L’eau est un élément à la fois fluide et pictural, un peu comme la vie elle-même.
Quels sont vos réalisateurs favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Lucrecia Martel (et en particulier La Ciénaga), Apichatpong Weerasethakul (et en particulier Syndromes and a Century), Tsai Ming-Liang (La Rivière) et Andrei Zvyagintsev (Le Retour).
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
Quand j’ai regardé Asako I&II de Ryusuke Hamaguchi et Mille soleils de Mati Diop. Ce sont deux grands films, qui proposent tous les deux un regard à la fois inédit et excitant.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 1er août 2019. Un grand merci à Liuying Cao.
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