Dans le court métrage Hammam, présenté en compétition au Festival National du Film d’Animation de Rennes, Zélie Elkihel fait le récit d’une jeune héroïne de 12 ans qui expérimente pour la première fois un hammam traditionnel marocain. Elkihel signe une mise en scène immersive où l’animation sert avec habileté de relai sensoriel. La réalisatrice nous présente son film.
Quel a été le point de départ de Hammam ?
Hammam est inspiré d’une histoire personnelle, d’un souvenir d’enfance. J’ai eu l’occasion de faire l’expérience du hammam traditionnel marocain lorsque j’avais environ 10 ans.
Pouvez-vous nous parler de la technique d’animation que vous avez choisie pour raconter cette histoire en particulier ?
J’ai choisi de mélanger plusieurs techniques d’animation pour réaliser mon film. Je me suis appuyée sur une base d’animation 2D digital pour le rough de l’animation puis j’ai tout fait au propre de manière traditionnelle sur papier calque. Pour les personnages et les décors, j’ai fait du papier découpé sur calque avec du pastel gras, du pastel sec et du fusain. J’ai également fait de la stop motion avec de la gomme et du fusain pour rendre la peau qui s’enlève.
Comment avez-vous abordé, lors de l’écriture, cette narration qui est davantage guidée par le regard, les sentiments, les sensations que par l’action ?
Pour entamer l’écriture, j’ai mobilisé au maximum mon souvenir et notamment ce que j’avais ressenti : le bruit ambiant du hammam, le toucher du gant, des corps, les jeux de regard. J’ai essayé de me mettre à la hauteur de mon personnage, à sa place en m’imaginant à chaque moment du film ce qu’il regarde et ce qu’il ressent et de comprendre pourquoi à ce moment-là il éprouve tel ou tel sentiment.
Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?
Les cinéastes qui m’inspirent sont Hayao Miyazaki, Michel Ocelot, Florence Miailhe, Agnès Patron, Lia Bertels et Sébastien Laudenbach.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
J’ai trouvé la série animée Samuel de Émilie Tronche vraiment incroyable et puissante dans sa sincérité, sa justesse et sa fausse simplicité. Cette série m’a beaucoup touchée, je trouve qu’elle ramène vraiment un vent de fraîcheur dans le cinéma d’animation.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 16 avril 2024. Un grand merci à Estelle Lacaud.
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