Dans court métrage He Was Called Chaos Bērziņš, un homme qui a été enlevé par des extraterrestres fait la rencontre d’une ufologue. La Lettone Signe Birkova signe un séduisant mélange d’esthétique SF rétro et de curieuses idées visuelles. C’était l’une des étranges trouvailles du récent Festival de Karlovy Vary. Elle est notre invitée de ce Lundi Découverte…
—
Quel a été le point de départ de He Was Called Chaos Bērziņš ?
Cette histoire d’extraterrestres kidnappant un Letton pour lui voler son sperme m’est venue à l’esprit directement de l’espace, je suppose. Et puis je devais aussi trouver un sujet pour mon diplôme de fins d’études. Les idées inattendues qui nous viennent de nulle part sont les plus intéressantes. Mais au final, qu’est-ce qu’on sait de nous-même et de l’origine de nos idées ?
Comment avez-vous envisagé le travail formel sur ce court métrage ?
On a pris la décision de tourner avec du film 16mm vieux de vingt ans, qu’on n’aurait pas de moniteur et pas de clap. Mon directeur de la photographie Mārtiņš Jurevics et moi-même avons décidé de nous limiter à deux prises à chaque fois en raison de nos contraintes financières. Le vieux stock de pellicule a donné cette ambiance souterraine spécifique et ces images fortes qui sont l’antithèse du numérique, c’est ce qui nous a connectés aux films de science-fiction des années 50 à petits budgets.
Rendre hommage à l’histoire du cinéma était très important et toute l’histoire de Chaos Bērziņš est construite dans un « monde du cinéma », les événements se produisent dans le « réalité du cinéma ». C’est le point de vue d’un monde de cinéma sur la réalité, avec ses bâtiments et ses lieux reconnaissables de Riga. Et c’est aussi le point de vue d’extraterrestres au sujet de Riga. Je n’aurais pas utilisé d’effets numériques pour faire des extraterrestres plus réalistes, même si j’avais eu un budget pour cela.
Avez-vous eu des références en termes de science-fiction ou au contraire y a-t-il des éléments de science-fiction que vous vouliez précisément éviter ?
J’adore les clichés de cinéma. Je voulais mêler les clichés de science-fiction aux banalités, et que le film s’exprime par cette combinaison qui emprunte aussi aux figures du film noir et des films romantiques.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Le cinéaste qui m’a le plus inspirée a toujours été Harry Smith. C’était un artiste cosmique ; il a fait ses films à partir des étoiles, des tempêtes et de leur énergie, il a joué avec le temps, l’histoire et les réalités comme une divinité ancienne. Et mon réalisateur letton préféré est Aloizs Brenčs. C’était un génie et il ne le savait pas.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
Plus je retourne en arrière dans l’histoire du cinéma, plus je découvre des choses nouvelles. Mon obsession récente est le cinéma muet et les premiers films d’avant garde. Je découvre des chefs-d’œuvre les uns après les autres.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 14 août 2019. Un grand merci à Liene Linde.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |