Le jeune réalisateur hongrois Mihály Schwechtje a été doublement à l’honneur lors du dernier Transilvania Film Festival : d’abord en y présentant son premier long métrage, Hope You’ll Die Next Time 🙂, ensuite en y remportant le prix Eurimages de l’aide à la production de son prochain long métrage. Hope You’ll Die Next Time 🙂 est un singulier récit d’apprentissage qui, derrière ses couleurs d’abord séduisantes et un peu futiles, traite de la violence du milieu scolaire avec sa jeune héroïne qui noue une relation sur internet avec le prof qu’elle aime. Mihály Schwechtje est notre invité de ce Lundi Découverte.
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Quel a été le point de départ de Hope You’ll Die Next Time 🙂 ?
Le point de départ de Hope You’ll Die Next Time 🙂 était que je voulais faire un film sur des adolescents d’aujourd’hui. J’ai le sentiment de comprendre quelque chose de leurs états d’âme et je pensais qu’il était possible, à travers eux, de donner une image crédible de l’époque dans laquelle on vit, des problématiques qui sont les plus urgentes dans notre vie quotidienne.
Le ton de votre film est régulièrement léger pour parler de choses qui peuvent être difficiles et dramatiques, comme si vous vous mettiez à la place de ces adolescents qui ne mesurent pas le mal qu’ils peuvent faire ou le mal auquel ils peuvent être confrontés. Comment avez-vous envisagé cet équilibre lors de la préparation du film ?
Je voulais que le spectateur entre dans cette histoire sans se rendre compte tout de suite qu’il y aura des enjeux dramatiques. Je voulais offrir la possibilité de s’amuser avec ces adolescents, sur leur manière de réfléchir et de se comporter dans la vie. Plus tard, au fil de l’histoire, le spectateur est censé comprendre qu’il n’aurait pas dû rire. Mon intention générale, c’était de décrire de la façon la plus authentique possible cet âge qui est à la fois capricieux et plein de sentiments brûlants.
Comment avez-vous abordé le format particulier de l’image ?
Ce film est une production à très petit budget. Cette restriction financière m’a obligé à imaginer un monde visuel qui pouvait être fait avec des moyens très réduits. Quand j’ai commencé à réfléchir avec le chef opérateur Máté Herbai (qui a travaillé sur Corps et âme d’Ildikó Enyedi) sur les solutions pour créer un monde qui ait un effet sur les spectateurs, on avait une caméra et quelques lampes. Donc on a décidé de tirer parti de cette situation très particulière.
On a décidé que le format d’image serait en 4:3 et que les fils des histoires des deux protagonistes seraient tournés avec des optiques différentes. Eszter avec une optique 35 mm, Péter avec une optique 50 mm. Le plus fort argument pour le 4:3 était que ce format particulier laisse une trace visuelle dans la mémoire des spectateurs et que c’est en plus un moyen qui ne coûte rien à la production. Par ailleurs, avec ce format, on peut mieux se concentrer sur les visages des protagonistes et ça allait dans le sens de notre histoire: comprendre ce qui se joue chez ces jeunes.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
C’est du cinéma d’auteur européen que je me sens le plus proche. La tradition du cinéma hongrois. Quand j’ai commencé à faire du cinéma, c’était aussi parce que quand j’étais adolescent, j’ai vu des films avec des approches très personnelles et qui ont eu un effet très fort sur moi. J’ai vu que c’était possible de faire des films comme ça et je voulais faire la même chose, ça m’intéressait beaucoup. Ça ne se voit pas du tout sur mon film, mais Fellini m’a toujours fasciné. Parmi le cinéma contemporain, ce sont les Roumains et les Scandinaves qui sont les plus proches de mes goûts. Et avec mon premier long métrage, les sources d’inspiration des plus concrètes étaient Lukas Moodysson, Larry Clark, Harmony Korine et la série Skam.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
C’est très rare de rencontrer des talents authentiques et qui se manifestent tout de suite. J’ai eu la chance d’enseigner à l’Université du Film et du Théâtre de Budapest. Pendant ces dernières semaines, on sélectionnait de nouveaux étudiants et j’ai vu une jeune fille de 18 ans qui a fait un film magnifique. Quand j’ai regardé des extraits de son court métrage, j’ ai eu la chair de poule, ce qui est le signe évident de son talent.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 13 juillet 2019. Crédit portrait : Pál Czirják.
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