Sogni al campo est une émouvante rêverie dans laquelle un jeune garçon part à la recherche de son chat. Le style visuel sensible laisse place à l’imaginaire dans ce beau court d’animation réalisé par les Italiennes Magda Guidi et Mara Cerri. A l’honneur cette semaine au Festival de Séville, elles sont nos invitées.
Quel a été le point de départ de Sogni al campo ?
Magda a réalisé quelques dessins mettant en scène un garçon qui marche près d’une rivière. D’une certaine manière, ces dessins étaient le reflet d’un abandon, d’un renoncement, et de la décision de vivre la réalité. Puis nous avons décidé de partager cette histoire qui est également devenue une réflexion sur le temps.
Comment avez-vous choisi ce type d’animation pour raconter cette histoire en particulier ?
Nous adorons l’animation peinte à la main. C’est la même technique que nous avons utilisée dans notre précédent court Via Curiel 8. Nous avons la conviction que cette technique possède un pouvoir très particulier, c’est comme un rituel magique qui a sa propre vibration. Elle renvoie à une carte émotionnelle complexe.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur la façon dont vous avez écrit une histoire aussi visuelle ?
Le film débute par cette phrase écrite par Andrea Bajani : “Il fut un temps où le temps était un paysage. A cette époque, un enfant a ouvert le paysage, comme l’aurait fait n’importe quel autre enfant”. Dans Sogni al campo, il y a ce garçon qui recherche son chat. Au fil de cette recherche, qui se révélera vaine, l’enfant grandit. Dans notre récit, nous essayons de transfigurer la réalité, de faire en sorte que le voile tombe pour regarder au-delà, d’examiner le mystère qui entoure les choses.
Le garçon se retrouve face à face avec ce mystère, et comme dans une multiplication d’écrans, il revit son histoire, ses souvenirs, et s’approche du monde des morts, là où ceux qui sont vivants doivent savoir comment lâcher prise et les laisser partir. C’est là que le chat quitte le monde et s’évanouit paisiblement dans le paysage.
Quels sont vos cinéastes favoris et ou ceux qui vous inspirent ?
Les réalisateurs que nous aimons sont nombreux, mais nous adorons toutes les deux Youri Norstein, et nous pensons que Le Hérisson dans le brouillard comme Le Conte des contes sont deux films où l’art de l’animation a atteint un pic inatteignable. A la fois pour la beauté des dessins et pour la narration poétique.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?
Parfois cela nous arrive lorsque nous donnons des cours d’animation : quelque chose de neuf et d’encore brut surgit des travaux de jeunes étudiant.e.s – et on essaie ensuite de donner de l’espace à cela. Ce n’est pas facile, parfois c’est une petite lumière qui se faufile, ou qui s’assombrit à cause de la hâte ou d’un imaginaire encore habité par les stéréotypes.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 22 septembre 2020. Un grand merci à Luce Grosjean.
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