Mois des Fiertés | Entretien avec Juicy Liu

Sublimement belle et incroyablement drôle, Juicy Liu a tout pour elle. Cette queen américaine peut, en une seule performance, être une héroïne de film d’action en même temps que le clown ultime. Daughter de Miz Cracker, elle porte le ridicule au rang des beaux arts. Camp et glamour, faite pour l’amour : Juicy Liu est notre invitée du jour dans le cadre de notre dossier Mois des Fiertés.

Le cinéma est-il une source d’inspiration de votre drag ? Des icônes vous ont-elles servi de référence ?

Oh c’est certain ! La première fois que j’ai été exposée au drag, c’était devant des films comme Priscilla folle du désert de Stephan Elliott et To Wong Foo, Thanks for Everything ! Julie Newmar de Beeban Kidron (Extravagances pour sa sortie française, ndlr). Je m’inspire sans aucun doute des actrices de comédies de Christopher Guest, comme Jennifer Coolidge, Catherine O’Hara et Parker Posey. J’ai une telle jalousie pour les rôles qu’elles ont à jouer et les situations ridicules dans lesquelles elles se trouvent dans ces films.

Si vous aviez carte blanche, quel acteur ou quelle actrice de cinéma souhaiteriez-vous relooker en drag queen ?

Je vais dire Dwayne « The Rock » Johnson… précisément parce que ce n’est pas quelqu’un que vous imagineriez nécessairement en drag, mais vous savez qu’il serait hilarant en faisant cela.

Y a-t-il un film dans lequel vous auriez rêvé de jouer en drag ?

Ohhhh… J’adorerais jouer Velma ou Roxie dans Chicago de Rob Marshall. Ou Charity, le rôle de Shirley MacLaine dans Sweet Charity de Bob Fosse.

En quoi votre drag est-il politique à vos yeux ?

Je ne dirais pas que mon drag est politique de façon explicite… néanmoins, le fait que je monte sur scène en drag est politique dans le sens où je questionne ainsi les normes sociales.

Quel est votre film queer préféré ?

Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell. Je l’ai vu à 18 ans alors que je venais de faire mon coming out. Sa musique est incroyable, il est question de non-conformité de genre et le film a tellement de cœur… voilà toutes les choses qui ont parlé à mon cœur de jeune garçon gay. Et la performance de John Cameron Mitchell est tellement belle et complexe. Je continue de le voir et revoir encore.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 11 mai 2020. Crédit photos : Andrew Werner / Corey Rives / Preston Burford / Emi Grate.