L’Agneau de Dieu est le second court métrage du Portugais David Pinheiro Vicente. Produit par Gabriel Abrantes (Diamantino) et Jérôme Blesson pour La Belle Affaire, ce film sélectionné en compétition à Cannes est une chronique familiale et estivale qui fait preuve d’un captivant sens de l’atmosphère. Tension sexuelle et inquiétante étrangeté se mêlent dans ce court prometteur, actuellement visible librement sur le site d’Arte, ainsi que dans le cadre de l’édition en ligne des Arcs Film Festival. David Pinheiro Vicente est notre invité.
Quel a été le point de départ de L’Agneau de Dieu ?
Le point de départ de ce film, ce sont les histoires que mon père me racontait sur son lieu de naissance. Nous y passions nos étés et j’ai toujours été curieux à propos de cet endroit et de son atmosphère. En général, c’était des histoires très bizarres et violentes, et c’est ce qui m’intéressait.
Il y a une étrange tension dans votre film, comme une atmosphère menaçante. Comment avez-vous souhaité traduire cela en termes visuels ?
Je voulais précisément que le spectateur ressente cette menace comme quelque chose qui progresse et arrive, sans qu’on ne sache vraiment ce que c’est ni comment y faire face. Visuellement, cela venait vraiment de l’idée de claustrophobie et de ne pas être en mesure de cartographier l’espace où nous en sommes. L’Agneau de Dieu a été filmé comme si l’on se trouvait dans ces espaces, et cela devait être déroutant. Lorsque vous ne connaissez pas vraiment tout l’espace dans qui vous entoure, vous sentez en danger.
Votre exploitation du son est remarquable, particulièrement le son de ce qui n’apparait pas dans le cadre (comme une fête dans le voisinage, des feux d’artifice etc…). Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
Je voulais donner le sentiment que quelque chose se passe toujours au loin, que cette histoire fait partie d’une structure sociale plus large que ce qu’on voit et qui continue d’exister pendant ce temps-là. Aussi, quand vous êtes dans un village comme celui-ci, surtout en été, c’est généralement cette perception que vous avez de l’espace. Il y a toujours du bruit, il y a toujours des festivités, et cela nuit à votre intimité.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Principalement Lucrecia Martel, Michael Haneke et Claire Denis.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?
La dernière fois que j’ai eu ce sentiment, c’est quand j’ai présenté ce film à Cannes, il n’y a pas si longtemps, et que j’ai vu la sélection complète des courts métrages, avec beaucoup de films cool. Je soulignerais en particulier le film d’animation de Marie Jacotey et Lola Halifa-Legrand, intitulé Filles Bleues, Peur Blanche.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 20 novembre 2020. Un grand merci à Gloria Zerbinati. Source portrait
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