Critique : Working Woman

Orna travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa famille. Brillante, elle est rapidement promue par son patron, un grand chef d’entreprise. Les sollicitations de ce dernier deviennent de plus en plus intrusives et déplacées. Orna prend sur elle et garde le silence pour ne pas inquiéter son mari. Jusqu’au jour où elle ne peut plus supporter la situation. Elle décide alors de changer les choses pour sa famille, pour elle et pour sa dignité.

Working Woman
Israël, 2018
De Michal Aviad

Durée : 1h33

Sortie : 17/04/2019

Note :

ATTENTION DANGER TRAVAIL

Il y a des films qui sont comme leurs personnages. On avait déjà repéré la comédienne Liron Ben-Shlush dans Chelli (Quinzaine des réalisateurs 2015) dont elle était à la fois interprète et scénariste. Elle apporte son charisme stoïque à un film lui-même d’une sobriété presque factuelle. Habituée des documentaires en forme de portraits féminins, la réalisatrice israélienne Michal Aviad s’est inspirée d’une histoire vraie pour écrire le scénario de Working Woman. Et de fait, pas besoin d’aller chercher très loin pour trouver cette histoire trop commune de violence masculine. Pas besoin de forcer le trait non plus. Si l’histoire d’Orna est presque connue d’avance, ce n’est pas un défaut du film, qui montre les choses telles qu’elles sont.

Autour de son héroïne discrète mais bien décidée à travailler et gagner sa vie, Aviad dresse le portrait d’une société israélienne comme en chantier, filant la métaphore d’un parc immobilier jamais vraiment terminé, où la vue sur la mer (« le dernier horizon ») sera bientôt bouché pour de bon par les gratte-ciels. Ce qu’elle montre également c’est un tissu social resserré et ambigu, où l’on a tôt fait de s’arranger sous le manteau, de magouiller gentiment en dehors du strict cadre professionnel, et où la réussite économique et collective prime sur l’épanouissement individuel.

Dans cette zone grise sur laquelle insiste la réalisatrice, la violence devient une conséquence inévitable. Alors que les deux films n’ont franchement pas grand chose à voir ensemble, il y a une presque-homonymie cruelle entre Working Woman et la comédie d’apprentissage 80’s Working Girl. C’est comme si la suite sordide aux sympathiques mésaventures dans la vie active de la jeune Melanie Griffith, ça ne pouvait être autre chose que la violence sans guillemet que subit Orna. Avec réalisme et une simplicité fluide, Michal Aviad nous montre une société qui punit doublement les femmes qui travaillent : en les condamnant à la violence et en les punissant d’en parler. La violence comme unique horizon, bouché lui aussi.

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par Gregory Coutaut

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