Paris, été 1979. Anne est productrice de pornos gays au rabais. Lorsque Loïs, sa monteuse et compagne, la quitte, elle tente de la reconquérir en tournant un film plus ambitieux avec son complice de toujours, le flamboyant Archibald. Mais un de leurs acteurs est retrouvé sauvagement assassiné et Anne est entraînée dans une enquête étrange qui va bouleverser sa vie.
Un couteau dans le cœur
France, 2018
De Yann Gonzalez
Durée : 1h42
Sortie : 27/06/2018
Note :
CORPS A CŒUR
« J’ai l’impression qu’il faut flirter avec le grotesque et le ridicule pour trouver l’émotion » : ces propos de Yann Gonzalez dans notre entretien consacré à son premier long métrage, Les Rencontres d’après minuit, s’appliquent à merveille à son nouveau film, Un couteau dans le cœur. Un couteau… se déroule dans l’univers du cinéma ; ici, le cinéma porno au crépuscule des 70’s. Il est souvent question de crépuscule ou du moment où le jour bascule chez Gonzalez, du soleil rouge au soleil d’aurore des Rencontres à cette fin d’une époque ou fin d’un amour dans Un couteau…. Quelque chose qui vacille, mais dont l’émotion, comme une flamme, persiste.
Un couteau dans le cœur est gorgé d’influences cinématographiques, des nuits américaines et pierres tombales lyriques de Jean Rollin aux nuits magiques et mélancoliques d’un Simone Barbès ou la vertu, en passant par l’ombre des Italiens de Fulci à Argento. On pense à ceci ou à cela certes, comme à tout un imaginaire de giallo, mais la force du film est aussi de transcender les références et parvenir à créer un monde de toutes pièces. Et c’est un monde fascinant que Gonzalez fait naître ici, soignant la lumière, les couleurs, le grain, la musique pour nous transporter loin : on a les yeux rivés sur Un couteau dans le cœur en ayant le sentiment que plus rien d’autre ne se passe ailleurs que sur l’écran de cinéma.
C’est aussi ce que raconte le film : comment la destinée de ses protagonistes est intimement liée au cinéma, comment le « réel » et la fiction se confondent, se perdent l’un dans l’autre. Comment l’amour est gravé directement sur la pellicule, de façon métaphorique (puisque c’est ici une grande déclaration d’amour au cinéma) mais aussi tout à fait littéralement. Un cinéma des marges, dont on croise les visages (de Bertrand Mandico à Jacques Nolot) ; un cinéma queer et on sait la dimension queer inhérente au cinéma d’horreur. Dans ce cinéma qui palpite, Gonzalez signe également un grand chant d’amour queer, baroque, fantaisiste et ensorcelant, jusqu’à son magnifique générique de fin en forme d’utopie queer – sur ce très précieux équilibre entre naïveté amoureuse et fantasme sublime.
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par Nicolas Bardot