A voir en ligne | Critique : The World to Come

Quelque part à la frontière de la côte-est américaine, au milieu du XIXe siècle. Abigail réside avec son époux dans une ferme en pleine campagne. Au printemps, elle fait la connaissance de Tallie, sa nouvelle voisine. Une relation étroite se noue vite entre les deux femmes…

The World to Come
États-Unis, 2020
De Mona Fastvold

Durée : 1h38

Sortie : 07/06/2021 (en vod)

Note :

MONDES ENGLOUTIS

C’est une carte du monde qui se déploie dans le générique de The World to Come. Mais c’est plutôt la carte du Tendre que va dérouler la Norvégienne Mona Fastvold dans son second long métrage. C’est une grande carte, mais Fastvold la parcourt avec autant de célérité qu’on tourne les pages d’un journal, date après date, une observation minimaliste après l’autre. L’amour entre Abigail et Tallie (Katherine Waterston et Vanessa Kirby, toutes les deux parfaites) est fulgurant et profond, mais leur passion dans ce coin des États-Unis du 19e siècle ne peut être qu’entravée. De même, le romanesque perce dans le film, on entrevoit ses feux, mais il ne peut ici qu’être empêché.

« La tempête commence par un murmure et devient une locomotive ». En évidente allégorie, les éléments se déchaînent dans The World to Come – une tempête de neige qui avale tout, un incendie qui rase une maison. La nature est gigantesque, offrant au film des tableaux d’une impressionnante majesté. « Qu’est-ce qui est sûr quand même la terre tremble ? ». Dans ces charmantes maisonnettes échappées d’un épisode du Dr Quinn, quelque chose palpite pourtant aussi fort qu’un tremblement de terre. La voix d’Abigail raconte de manière presque atone les passions réprimées ou effacées. C’est là que s’exprime le romanesque : dans ce qui est indéniablement ressenti (et émotionnellement rehaussé par le tournage en pellicule), dans ce qui doit être laissé à l’imaginaire, dans la vibration de ce qui peut-être a eu lieu, dans ce qui s’est déroulé en secret, dans ce qui aurait pu arriver.

C’est un film en costumes, c’est aussi un film qui, comme l’indique son titre, parle du monde de demain. De ce que traverseront d’autres lesbiennes, ou de ce qui sera accompli. The World to Come raconte une histoire d’amour qui, en quatre saisons, n’a même pas le temps de s’exprimer pleinement car elle est toujours dans l’ombre des hommes. Même quand ceux-ci ne sont pas des monstres, comme le personnage incarné par Casey Affleck, ils semblent toujours en trop. Ce récit qu’on imagine d’abord minimaliste se révèle de plus en plus ample et fort, un mélodrame poignant sur tous les possibles.


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par Nicolas Bardot

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