LA NUIT DE TOUS LES MYSTÈRES

Le premier long métrage de l’Américain Keith Thomas (lire notre entretien) se déroule dans un décor (la communauté juive orthodoxe de New York) qui n’est pas si fréquent au cinéma. Mais plutôt qu’à une horreur théologique, on assiste dans The Vigil à un parcours plus classique de protagoniste qui doit, le temps d’une nuit symbolique, dompter ses démons. Le minimalisme de ce film d’horreur est à la fois une humilité (une maison, un personnage, des peurs à surmonter) et une ambition (comment raconter par l’atmosphère et la mise en scène plus que par les péripéties de scénario).

S’il y a des jump scares, The Vigil se distingue surtout par sa progression horrifique. La tension de nombreuses séquences fonctionne grâce à un découpage minutieux sur ce qu’on a vu et ce qu’on croit voir. Le drap posé sur le cadavre a t-il bougé ? Y a t-il quelqu’un dans le coin sombre du salon ? Ou est-ce que le héros perd la tête et nous avec ? Si le décor est très américain, on pense régulièrement à la j-horror en voyant The Vigil : ce sinistre poisseux qui habite plus les maisons hantées japonaises que l’horreur américaine actuelle, cette fascination glaçante pour le noir et l’invisible (même et surtout quand il ne se passe rien) et quelques citations visuelles. Pas un hasard, peut-être, pour un cinéaste qui cite Kaïro de Kiyoshi Kurosawa parmi ses influences.

Le film aurait certes pu être dégraissé : de quelques explications, de quelques dialogues, de quelques flashbacks, d’une musique certes efficace mais très présente. Mais il y a beaucoup d’ingéniosité ici, une manière assez habile de gérer les sauts de foi, et quelques vraies visions horrifiques. Voilà un prometteur cinéaste de nuit qui réussit ici un très efficace film de peurs.

>>> The Vigil est visible en vod sur UniversCiné

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