Yougoslavie, fin des années 1980. Un oncle bien-aimé rentre d’Allemagne pour passer Noël auprès des siens. La famille réunie profite d’un réveillon croate traditionnel lorsque soudain retentit la sonnerie d’un smartphone.
The Uncle
Croatie, 2022
De David Kapac & Andrija Mardesic
Durée : 1h44
Sortie : –
Note :
IL EST REVENU
C’est un repas de Noël qui se prépare dans la maison des protagonistes de The Uncle, et pourtant le ciel est bleu et lumineux. C’est un détail qu’on a à peine le temps d’enregistrer sur le moment, mais qui vient presque subliminalement semer un certain doute sur ce que l’on voit. Papa, maman et leur grand fils ont tous revêtus leur plus beaux pulls de saisons et mis la dinde à chauffer pour accueillir l’oncle (inquiétant Predrag Manojlovic, croisé dans plusieurs Kusturica) qui est revenu d’Allemagne en voiture tout juste pour l’occasion. Dans sa hotte, celui-ci ramène de la grande ville un drôle de cadeau : une caméra vidéo afin que chacun puisse se voir en quasi direct sur le magnétoscope de la famille.
Vêtements, couleurs, gadgets… la direction artistique réussie de The Uncle ne nous laisse aucun doute sur la période à laquelle se déroule les faits (la fin des années 80 et donc la fin proche de ce qu’on appelle alors encore la Yougoslavie) et pourtant voilà soudain qu’une sonnerie de smartphone se fait entendre pendant le repas. On en est encore au début du film quand jaillit cette excitante promesse d’une redistribution surréaliste des cartes du récit. Somme-nous face à un paradoxe temporel, un jeu de rôle familial ou quelque chose de plus fou ? On se pose encore la question que l’oncle, agacé par cette sonnerie ayant gâché le réveillon, décide de partir. Or le lendemain, il revient et récitant les mêmes dialogues et reproduisant quasiment le même scénario.
L’éventail des pistes ouvertes par cette première partie est large et prometteuse, mais la suite s’enfonce dans des répétitions lourdes à la violence de moins en moins subtile. S’il fallait trouver des échos contemporains à cette parabole politique à la figure patriarcale terrifiante et inattaquable, ce serait moins du coté des rêves absurdes de Dupieux ou Lanthimos (même si l’on pense forcément à Canine) qu’aux paraboles oppressantes de Michel Franco. Comme les personnages à l’impuissance agaçante, le spectateur finit par se sentir lui aussi pris au piège d’un jeu trop souvent répété pour rester divertissant, trop criard pour rester troublant.
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par Gregory Coutaut