Critique : The Summer With Carmen

Alors qu’il profite d’une journée sur une plage queer d’Athènes, Démosthène, 30 ans, propose d’aider son meilleur ami et cinéaste en herbe Nikitas à rédiger une idée pour son premier long métrage, inspiré par une chienne nommée Carmen.

The Summer With Carmen
Grèce, 2023
De Zacharias Mavroeidis

Durée : 1h46

Sortie : 19/06/2024

Note :

SEX IS COMEDY

Quelles doivent être les règles d’or d’un scénariste ? C’est ce sur quoi se questionnent Nikitas, qui travaille sur son script, et son camarade Démosthène, qui essaie de lui venir en aide. La scène pourrait se passer dans un petit bureau ou dans un résidence coquette pour apprentis auteurs, mais différence fondamentale : elle se déroule ici sur une plage de cruising. Cela installe immédiatement un certain sens de l’ironie et du contraste, même si la nudité dans The Summer With Carmen n’est jamais utilisée comme un gag. Les torses, les fesses, les bites occupent tout le cadre et la nudité est assumée de manière totalement naturelle et dédramatisée. C’est à la fois extrêmement rafraichissant (pourquoi la nudité devrait être sérieuse ?), fort à propos (on est à l’opposé d’un certain discours actuel, à la fois puritain et infantilisant, sur la sexe et la nudité à l’écran) et excitant : le pouvoir sexuel de l’acteur Yorgos Tsiantoulas, totalement érotisé par le réalisateur Zacharias Mavroeidis, est sans pareil.

Cette fantaisie érotique déguisée en réflexion sur la création a plus d’un tour dans sa poche. A vrai dire, la mise en abyme du film dans le film n’est, à nos yeux, pas la partie la plus habile ni la plus intéressante du long métrage. Il y a d’abord, plutôt, sa capacité à séduire : par la lumière chaleureuse de Theodoros Mihopoulos, par son bon esprit malin, queer et sassy, et parce que n’importe quelle tergiversation à poil dans un décor idyllique prend une toute autre dimension. Car dans The Summer With Carmen, tout est dramatique et rien n’est dramatique. Le film ne se prend, heureusement, jamais trop au sérieux ; c’est précisément son absence de sérieux qui lui donne du charme.

Et pourtant ! « On est toutes des petites tapettes un peu tristes », entend-on dans The Summer With Carmen. Il y a le soleil et le ciel rose, il y a cette impression qu’on est au bord de ne pas raconter grand chose, mais Zacharias Mavroeidis parvient finalement à saisir quelque chose d’émouvant. Ca peut être l’importance d’une plage gay, d’un espace queer, d’un lieu à soi. Ca peut être – sujet pas forcément si fréquent dans le cinéma queer – l’amitié entre deux mecs gay. Tout cela reste humblement suggéré, sans leçon de vie ; le film n’a d’ailleurs pas besoin d’enfiler ses beaux habits de gala pour être pris au sérieux – il est meilleur quand il est tout nu.

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par Nicolas Bardot

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