BAS LES MASQUES

The Red Phallus est un premier long métrage signé du Bhoutanais Tashi Gyeltshen (lire notre entretien) qui a d’abord été repéré dans la compétition du Festival de Busan. C’est un film dont la beauté ahurissante tient en partie de son décor, une nature verdoyante et montagneuse absolument renversante et conçue pour être filmée. Mais la beauté de The Red Phallus n’est pas seulement donnée. Le travail de Tashi Gyeltshenest remarquable, aidé par le directeur de la photographie Jigme T. Tenzing dont on avait déjà pu admirer l’énorme talent sur Dakini de Dechen Roder.

Cette vallée est très belle, mais n’est-elle pas un tombeau pour les jeunes filles qui y habitent ? Sangay ne semble voir aucun horizon dans ce décor justement envahi par la brume. Seules semblent compter les traditions, clef d’un status-quo dont les hommes sont les gardiens. Le père de Sangay construit – littéralement – des phallus, autant de fières statuettes qui sont censées éloigner les mauvais esprits. Mais pour l’héroïne, les choses ne sont pas si faciles.

Même à l’autre bout du monde, même dans le coin le plus isolé du Bhoutan, le mansplaining semble roi. Sangay entend, mais elle a en elle quelque chose sur le point d’exploser. Il est beaucoup question de masques dans The Red Phallus. Des masques qui dissimulent les émotions, des vrais masques spectaculaires à mettre sur des visages – mais Sangay porte, elle, déjà un masque. Un masque de silence dans ce film délicat, d’une extrême élégance, à la concision de conte. Voilà un premier essai délicat et prometteur.

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