Festival du Caire | Critique : The Odd-Job Men

Pour réussir sa semaine d’essai, un jeune plombier marocain doit composer avec des collègues et des clients aussi excentriques les uns que les autres.

The Odd-Job Men
Espagne, 2021
De Neus Ballús

Durée : 1h25

Sortie : –

Note :

PARTICULIER A PARTICULIER

Le titre original de The Odd-Job Men, “Sis dies corrents”, signifie six journées normales. Ces six journées, ce sont celles que vont passer ensemble trois plombiers, les bricoleurs du dimanche annoncés par le titre international. Il y a Pep, qui s’apprête à partir à la retraite et à qui on n’a pas vraiment envie de confier des outils. Le timide Moha, son futur remplaçant, qui entame sa semaine d’essai. Entre les deux, se trouve Valéro, grande gueule pleine de préjugés. Les clients qu’ils vont rencontrer au fil de cette semaine comme les autres sont parfois absurdes, mais eux ne le sont pas vraiment moins.

Avec son ukulélé tristouille, sa structure en vignettes et son burlesque mélancolique, The Odd-Job Men pourrait avoir l’air de rentrer dans des cases de comédies déjà très identifiées, d’être une mécanique trop bien huilée pour surprendre et toucher. Mais à l’image de ses personnages, la réalisatrice Neus Ballús privilégie à l’anonymat des grosses machines un travail d’artisan, personnalisé et gentiment tordu. Est-ce le charisme des acteurs (le film a justement remporté un double prix d’interprétation à Locarno) ? Est-ce le dépaysement apporté par la langue catalane ? Est-ce que certaines scènes funambules sont aussi improvisées qu’elles en ont l’air ? Il y a en tout cas un vent d’authentique imprévisibilité qui plane sur le film et le rend très attachant.

Neus Ballús trouve le ton idéal, ne transforme jamais ses personnages en prétextes ou en caricatures. Le film dégage au contraire une chaleur humaine qui parvient à ne jamais être mièvre. Filmé en grande partie sur des balcons, des terrasses et des toits, dans un coin de Barcelone où aucun touriste ne se rend, The Odd-Job Men compose un tendre portrait collectif, à la fois lumineux et politique.

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par Gregory Coutaut

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