Mostra de Venise | Critique : The New Year That Never Came

Le 20 décembre 1989, la Roumanie est au bord de la révolution. Les rues sont animées par des manifestations, les étudiants se moquent du régime à travers l’art et les spectacles du Nouvel An glorifient Ceauşescu. Six vies apparemment déconnectées se croisent de manière inattendue. 

The New Year That Never Came
Roumanie, 2024
De Bogdan Mureşanu

Durée : 2h18

Sortie : 

Note :

NOËL ENSEMBLE

Grand gagnant de la section Orizzonti lors de la dernière Mostra de Venise, The New Year That Never Came est le premier long métrage du cinéaste roumain Bogdan Mureşanu mais celui-ci n’est pas complètement un inconnu puisque son court métrage Un cadeau de noël avait remporté de très nombreux prix en 2018, de Clermont-Ferrand aux European Film Awards. Ce dernier racontait la détresse d’un père dont le jeune fils a envoyé au Père Noël une lettre réclamant la mort d’oncle Nic (surnom de Ceauşescu). Raconté une nouvelle fois (et avec le même acteur), ce récit fait partie des six histoires qui vont se croiser dans la journée chaotique de The New Year That Never Came.

La nouvelle année en question est 1989. Les personnages du film l’ignorent encore mais leur souhait de voir advenir la chute du dictateur est sur le point d’être exaucé. En attendant, ça ne rigole pas derrière les décorations festives. La télévision d’état se retrouve à devoir trouver en urgence une comédienne pour jouer dans un programme de Noël en forme de propagande communiste mal déguisée. L’affaire devrait être dans le sac mais elle va entremêler les destins de six personnes qui ne se connaissent pas encore. Drame choral à la reconstitution historique classique, The New Year That Never Came appartient à la veine la plus accessible du cinéma roumain contemporain. Mureşanu filme ses personnages de près, au sein d’une image au format presque carré symbolisant leur manque d’horizon. Pourtant, on n’est pas ici dans une comédie chaotique ou un éprouvant film à suspens.

Outre que l’ensemble ne possède pas la brièveté nécessaire à cela (et certains dialogues didactiques n’aident pas à accélérer le rythme), la volonté de Mureşanu est plutôt d’offrir à ses compatriotes une piqure de rappel chaleureuse mais sans ambiguïté sur un passé pas si lointain. Tel le matin de Noël, la rencontre de ces histoires se fait attendre mais notre patience est récompensée par un dénouement épique d’une vingtaine de minutes. En glissant discrètement des images d’archives à la fiction et en mettant à profit la fausse lancinance du Boléro de Ravel, le film croise alors avec talent le réel glaçant et l’acidité mordante.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article