Critique : The Mumbai Murders

Mumbai. Ramana tue, en série. Raghavan, jeune policier n’a qu’une obsession, arrêter le criminel. La chasse est lancée. Mais les crimes ne cessent de se multiplier. Le destin de ces deux hommes semble être plus qu’à jamais lié.

The Mumbai Murders
Inde, 2016
De Anurag Kashyap

Durée : 2h07

Sortie : 21/11/2018

Note : 

DANS LA TÊTE DU TUEUR

Producteur de plus de 25 films en dix ans (dont The Lunchbox ou Masaan), et surtout réalisateur d’au moins un film par an sur la même période (Gangs of Wasseypur, Ugly…), Anurag Kashyap ne chôme pas, et cet appétit cinéphile débordant se traduit d’ailleurs à l’image dans son nouveau film. Le récit de The Mumbai Murders possède une simplicité quasi-archétypale: un tueur insaisissable, traqué par un flic obsédé qui va se perdre dans l’enquête jusqu’à ce que se brouille la frontière entre le bien et le mal… Or, la générosité du film se trouve ailleurs. Tout d’abord dans son protagoniste, surprenant personnage tantôt bêta tantôt glaçant, incarné par un comédien particulièrement inspiré (remarquable Nawazuddin Siddiqui). Si, face à lui, le personnage du flic corrompu a du mal à dépasser le stade du cliché de film noir, ce psychopathe attachant fait basculer le film vers quelque chose de plus inattendu.

The Mumbai Murders est d’une grande noirceur, tout en restant sans cesse divertissant. On y trouve comme une jubilation à jouer avec les nerfs des spectateurs, une violence tantôt ludique et tantôt éprouvante, une manière de ne pas avoir peur d’un éventuel mauvais goût… Cette description vous rappelle quelqu’un ? La comparaison est certes simpliste, mais on retrouve dans The Mumbai Murders un petit quelque chose de Tarantino – toute proportion gardée. Anurag Kashyap s’offre certes quelques clins d’œil (le découpage en chapitres, la musique rock décalée, le montage très efficace), mais le parallèle se trouve surtout dans ce plaisir contagieux de gamin surexcité, dans cette dimension fun, appliquée en même temps que décomplexée. Il n’est pas certain que Kashyap propose ici une réflexion moderne et pleine de recul sur la violence qu’il dépeint, mais l’ensemble est suffisamment bouillonnant et jusqu’au-boutiste pour emporter l’adhésion.

par Gregory Coutaut

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