Festival Cinéma du Réel | Critique : The Letter

La vie urbaine de Karisa est interrompue lorsque sa grand-mère de 94 ans est accusée de sorcellerie sur les réseaux sociaux par d’autres membres de sa famille. L’homme décide alors de retourner au village afin de désamorcer les conflits. Superstitions, religions, grand âge et jalousie ne font pas bon ménage dans ce portrait documentaire.

The Letter
Kenya, 2019
De Maia Lekow & Christopher King

Durée : 1h24

Sortie : –

Note :

I AM NOT A WITCH

A la radio, une voix évoque les meurtres de personnes âgées perçues comme des sorciers. Ça n’est pas un fait divers flou, lointain et exceptionnel : la grand-mère de Karisa est, elle aussi, accusée de sorcellerie et par conséquent menacée. Tourné en six ans, le Kenyan The Letter réalisé par Maia Lekow et Christopher King raconte le retour au village d’un jeune urbain confronté à une déconcertante réalité.

Celle-ci est d’autant plus déconcertante que les accusations arbitraires pourraient prêter à sourire. Mais les coups de machette sont bien réels et les images parfois idylliques sont régulièrement traversées par une violence qui rôde. Lekow et King font le portrait d’une communauté, de ce qu’une génération peut transmettre à une autre : on assiste à un mariage, on apprend à bêcher la terre. C’est aussi un portrait sur ce qui défait la communauté, sur la notion de groupe et l’individualisme.

Les anciens se retrouvent diabolisés lorsqu’ils ne sont pas perçus comme suffisamment chrétiens. Le film traite en creux de l’évangélisation et de son effet, de l’ignorance d’une culture oubliée ou effacée. Les rites de purification sont effectués par de faux prophètes dont la foi est une mise en scène. Très remarqué en festivals et choisi pour représenter le Kenya aux Oscars, The Letter est un récit humain et intimiste qui sait changer d’échelle avec pertinence.

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par Nicolas Bardot

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