Sheffield Doc/Fest | Critique : The Go-Go’s

Alison Ellwood porte un regard nostalgique sur le parcours des Go-Go’s, des débuts dans les années 80 du groupe de pop rock mené par Belinda Carlisle à aujourd’hui, alors que le groupe travaille sur de nouvelles chansons pour la première fois en 19 ans.

The Go-Go’s
Etats-Unis, 2020
De Alison Ellwood

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

WE GOT THE BEAT

C’est une histoire qu’on croit bien connaître : le groupe de rock au succès fulgurant, mis à l’épreuve par la drogue, les querelles ou le business jusqu’à imploser. Pourtant, l’Australienne Alison Ellwood porte un regard suffisamment frais sur la destinée des Go-Go’s pour qu’on n’ait pas le sentiment de voir un documentaire programmatique. D’abord parce que l’histoire racontée est assez unique : les Go-Go’s restent à ce jour le premier et seul groupe féminin à écrire ses morceaux et jouer de ses instruments à avoir atteint la première place du Billboard américain avec leur album Beauty and the Beat en 1981. On passe tout de suite d’une histoire à petit h qu’on croit connaître à une autre dont le h serait plus grand.

Ensuite parce que le récit ici est intrinsèquement haut en couleur. Ellwood se plonge dans les débuts des Go-Go’s, sur la scène punk de Los Angeles à la fin des années 70. Belinda Carlisle porte des robes en sac poubelle avec des collants filés, les filles ne savent alors ni jouer ni chanter mais Ellwood raconte cette énergie galvanisante dans un lieu inclusif pour toutes celles et tous ceux qui ne s’intègrent pas ailleurs, comme le confie Jane Wiedlin. Après leur apprentissage, elles seront pourtant rapidement huées, quelques scènes plus loin, par des mâles gardiens du temple pour qui une fille, ça montre ses seins et ça ne joue pas de la musique.

Non seulement les Go-Go’s en joueront, mais tout le monde les écoutera. Le film raconte la confection de leurs tubes, de Our Lips Are Sealed à We Got the Beat en passant par Vacation ou Head Over Heels. Mais assez vite une question se pose : les idéaux punk sont-ils solubles dans la musique pop ? En creux, derrière les prises de bec, Alison Ellwood compose un très attachant récit d’apprentissage où des jeunes misfits (c’était d’ailleurs le nom initialement envisagé par Carlisle et Wiedlin) se retrouvent ensemble, se passionnent, grandissent, se séparent – sur scène comme dans la vie. Et se retrouvent aujourd’hui dans un émouvant sentiment de nostalgie communicative.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article