Critique : Benni

Benni, 9 ans, brise toutes les règles et ne s’adapte à aucune structure. Elle n’a qu’un rêve : retourner vivre auprès de sa mère.

Benni
Allemagne, 2019
De Nora Fingscheidt

Durée : 1h58

Sortie : 22/06/2020

Note : 

PARADOXAL SYSTEME

Benni (System Crasher en vod) s’ouvre par un plan sur d’adorables chaussettes fantaisies – mais celles-ci ne sont pourtant pas portées par une poupée modèle. Le premier long métrage de l’Allemande Nora Fingscheidt traite d’une jeune héroïne hyper-active, sujette à de lourds problèmes de gestion du stress et de la colère, et qui vit séparée de sa mère. Benni n’a que 9 ans, et le système qui ne sait que faire d’elle bugge devant ses débordements furieux. Rien ne résiste à cette tornade : ses éducteurs, les vieux croisés dans la rue, les fillettes qui font une tête de moins qu’elle ou les bandes de garçons.

C’est un sujet fort, c’est aussi un sujet quasi-impossible. Comment traiter de ce personnage qui est en boucle sans enfermer le film lui-même dans une boucle et une succession de scènes répétitives ? L’énergie de la mise en scène et l’usage confortable de la musique inscrivent Benni dans un cinéma d’auteur plutôt mainstream – il manque probablement de l’aspérité pour donner davantage de relief et de surprise au récit. Le style aurait été certainement plus clivant, mais on imagine parfois ce que le ton d’une Maïwenn aurait apporté comme urgence à cette histoire.

Le film, néanmoins, explore des pistes pertinentes. Il observe avec minutie comment l’environnement toxique affecte une jeune fille (interprétée avec charisme par la jeune Helena Zengel) qui n’est pas armée pour la vie en société qu’on lui propose. Il y a beaucoup de couleurs flashy et séduisantes dans Benni – celles-ci pourtant expriment avant tout la violence. Un contrepoint intéressant dans ce premier film honorable mais, ironiquement, un peu trop sage en termes de cinéma. On aurait aimé finalement que Nora Fingscheidt crashe davantage le système…

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par Nicolas Bardot

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