Critique : Sur le fil du Zénith

Je viens d’un peuple – les Fangs – où les morts ne quittent jamais les vivants. Mais depuis que nous sommes devenus chrétiens nous n’arrivons plus à les entendre. Perdue entre ce que je sais et ce que je vois, entre l’ici bas et l’au-delà, je mène une quête initiatique qui me permet de révéler notre histoire, celle qui n’a pas été transmise.

Sur le fil du Zénith
2021, Gabon/Belgique
De Natyvel Pontalier

Durée : 0h55

Sortie : –

Note :

ROMAN NATIONAL

Le documentaire Sur le fil du Zénith commence par un rêve. Ça n’est pas nécessairement une rupture avec le reste du film puisque celui-ci traite aussi de l’invisible et des voies vers l’au-delà. Natyvel Pontalier (lire notre entretien) enquête sur un monde (littéralement) invisible : celui de ses origines, au Gabon. Invisible car effacé par la colonisation et l’évangélisation, gommé puisque tout ce qui est africain se retrouve diabolisé. Cette Histoire manquante est vécue comme une malédiction : qui était son peuple, les Fangs, avant qu’il ne soit « découvert » ?

L’éducation coloniale se met à enseigner une autre Histoire ; le catéchisme apprend le paradis et l’enfer. Natyvel Pontalier évoque l’Histoire telle qu’elle est narrée par les abbés, tandis que les œuvres d’art et biens coloniaux sont désormais au loin, derrière les vitrines de musées européens. Dans son film présenté au Festival Black Movie, au FIPADOC et auparavant à l’IDFA, Pontalier enquête sur la mémoire familiale et la mémoire des siens, démarche qui passe par une réappropriation du récit.

Sur le fil du Zénith est un film sur sa voix à elle – et sa place de narratrice n’est pas anodine. C’est aussi la voix de ceux qu’elle écoute, de ceux qui malgré tout transmettent des parcelles de mémoire. Cela passe aussi, on y revient, par l’invisible, par les rêves. Par un rituel, par une narration moins conventionnelle. Des moyens qui déplacent l’Histoire et dévoilent finement ce qui constitue une culture, une identité – tout comme ce qui peut les bâillonner et les éclipser.

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par Nicolas Bardot

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