Festival de Bucheon | Critique : Stolen

Au petit matin, dans une gare isolée, une rencontre fortuite va changer trois vies pour toujours lorsqu’un bébé de cinq mois est volé directement des mains de sa mère.

Stolen
Inde, 2023
De Karan Tejpal

Durée :  1h34

Sortie : –

Note :

LA LOI DU MILIEU

Au moment d’appréhender les nombreux visages de la production cinématographique indienne (on parle quand même du pays qui produit chaque année le plus grand  nombre de films au monde), on a tendance à d’abord citer les extrêmes. Les blockbuster musicaux d’un côté, et un cinéma d’auteur radicalement contemplatif de l’autre (deux familles de films toujours en pleine forme, il est vrai, comme le prouve les récents Gangubai Kathiawadi ou The Cloud Messenger). Mais quid d’un cinéma qu’on pourrait qualifier « du milieu »? Présenté à la Mostra de Venise dans la section Orizzonti Extra, précisément dédié à des films d’auteurs axés vers le grand public, Stolen appartient à cette catégorie-là.

Au milieu, c’est justement une expression qui correspond bien à ce récit d’enlèvement d’enfant, car comme l’annonce le carton qui ouvre le générique du début, Stolen dépeint en arrière-plan la collision de deux Indes bien distinctes qui ne font habituellement que se croiser dans l’indifférence : d’un côté celle des classes fortunées et éduquées, habituées à régler les problèmes judiciaires à coups de pot-de-vin, et de l’autre celle des laissés-pour-compte, habitués à être considérés comme coupables et louches par défaut. Jhumpa, jeune femme sans domicile fixe, se fait voler son bébé alors qu’elle était endormie sur un quai de gare, au moment où l’arrogant Gautam vient chercher son jeune frère à la sortie du train. C’est ce dernier, photographe et reporter, qui va justement être témoin de l’enlèvement. Les trois personnages que tout sépare vont alors faire équipe pour tenter de retrouver en urgence ce bébé kidnappé.

Stolen ne perd pas de temps avec une éventuelle introduction qui viendrait nous présenter les personnages. Nous découvrons ces derniers sans train d’avance, au moment où ils se rencontrent mutuellement. Ce choix judicieux met en valeur les soupçons qui circulent entre eux et les nombreuses révélations parsemées au fil de ce scénario aux surprises efficaces. Stolen est d’ailleurs encore une fois « au milieu », puisqu’il ne choisit pas entre drame social réaliste et thriller à suspens. Si l’étonnante dernière partie vire au survival violent en plein désert, le réalisateur Karan Tejpal (dont c’est le premier long métrage) privilégie le reste du temps un entre-deux familier qui, s’il est parfois un peu consensuel, évoque les succès accessibles et soignés d’un certain cinéma iranien.

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par Gregory Coutaut

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