Festival de Rotterdam | Critique : Something You Said Last Night

Une apprentie autrice d’une vingtaine d’années accompagne, malgré ses réticences, sa petite sœur et ses parents pour les vacances.

Something You Said Last Night
Canada, 2022
De Luis De Filippis

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

UN ÉTÉ COMME ÇA

Something You Said Last Night est le premier long métrage de la Canadienne Luis De Filippis, remarquée avec son court For Nonna Anna qui fut primé à Sundance en 2018. Bien accueilli lors de sa première mondiale à Toronto, le film fait sa première internationale dans la compétition New Directors à San Sebastian. Ce beau début de carrière se comprend : Something You Said Last Night est parfaitement aimable et Luis De Filippis sait d’ores et déjà comment se mettre le public dans la poche.

L’héroïne du film, Ren, est trans, mais ce n’est pas le premier sujet de Something You Said Last Night. Plus précisément, Luis De Filippis (aidée par son actrice Carmen Madonia, très convaincante) peut évoquer l’identité de sa protagoniste, mais si cela reste en creux, c’est aussi un sujet qui rayonne sur l’action et la dynamique entre les personnages – sur certains non-dits familiaux, sur la tension générée par les interactions avec le monde extérieur. Néanmoins, Something… n’est jamais un film sur une transition ou un coming out ; c’est ce qui est finement dépeint ici, et le fait que des personnes concernées soient devant et derrière la caméra n’y est certainement pas étranger.

Something You Said Last Night raconte des vacances familiales et les tensions qui vont avec. La paresse ensoleillée, les envies de minigolf, les balades en pédalo, la possibilité d’un flirt. Toutes les familles sont dysfonctionnelles : ici la mère a beau appeler sa fille mamma, elle continue de la traiter comme une enfant à 20 ans passés. Ces archétypes, dans un film qui s’attache autant aux non-événements, peuvent très vite devenir des stéréotypes. Sur le chemin des vacances, la famille chante Sarà perché ti amo de Ricchi e Poveri dans la voiture – et c’est probablement l’un des plus grands clichés de l’histoire du cinéma que de voir des familles chantant à tue-tête des vieux tubes au volant. Ce sont des formules qui marchent mais, à l’image des disputes autour du gâteau d’anniversaire, le portrait familial nous a semblé trop scolaire, trop appliqué.

Ce que Something You Said Last Night gagne en douceur et en générosité, il le perd aussi, à nos yeux, en profondeur et en aspérité. Si ce premier essai manque de mordant face aux figures imposées, il a indubitablement du sens en termes de représentation et fait preuve d’une réconfortante tendresse.

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par Nicolas Bardot

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