Festival de Rotterdam | Critique : Soft Leaves

Yuna, 11 ans, vit avec son père Julien, entraîneur de saut en hauteur, avec qui elle s’entend bien. Lorsque Julien fait une mauvaise chute et est hospitalisé, Yuna se retrouve seule avec Kai, son frère aîné. Leur petit monde va voler en éclats quand leur mère, accompagnée de leur demi-soeur, arrive du Japon pour s’occuper d’eux.

Soft Leaves
Belgique, 2025
De Miwako van Weyenberg

Durée : 1h34

Sortie : –

Note :

JEUNE POUSSE

Soft Leaves, premier long métrage de la Belge Miwako Van Weyenberg, débute dans les arbres. C’est le vert cocon protecteur de la jeune héroïne Yuna, perchée dans les saules. Les vacances arrivent bientôt, tandis que la réalisatrice parvient à dépeindre en quelques instants la relation complice qui unit l’enfant à son père. Mais suite à l’accident de ce dernier qui se retrouve plongé dans le coma, le quotidien apparemment tranquille de l’adolescente va vaciller.

Dans le portrait familial que dessine la réalisatrice, la mère est d’abord absente. Cette absence est rendue encore plus évidente lorsque le père se retrouve à l’hôpital. Yuna vit avec son père belge tandis que sa mère japonaise se trouve à l’autre bout du monde depuis des années. Son retour est accompagné non pas d’un silence pudique, plutôt un silence de gêne. Miwako Van Weyenberg dépeint des liens familiaux distendus au point que ceux-ci ont perdu de leur sens. Le père est absent, le grand frère ne devrait pas être un père, la mère n’est pas une figure familière. Yuna se situe entre deux âges, elle est désormais suffisamment grande pour comprendre ce que chuchote les adultes. Mais comment peut-elle trouver sa place dans cette nouvelle organisation ?

S’il peut traiter de thèmes graves et qu’il est habité par une certaine tristesse, Soft Leaves est néanmoins mis en scène de manière chaleureuse, qu’il s’agisse de la lumière ou du choix des couleurs. La forêt comme la maison sont là aussi des lieux chaleureux, enveloppants, soulignant de manière paradoxale la mélancolie solitaire de son héroïne, incarnée avec subtilité par Lill Berteloot. La réalisatrice accorde une attention particulière et appréciée au silence, aux respirations, au son du vent dans les branches. La violence des sentiments est mise en valeur par la douceur apparente des choses.

Qu’est-ce qui, pourtant, traverse Yuna ? La vie continue pour les autres, mais pas totalement pour elle, comme le suggère le film par touches discrètes. Si certaines métaphores sont un peu trop lisibles (Yuna réussira-t-elle son saut en hauteur ? L’oiseau se libère-t-il de sa cage ?), Soft Leaves est dépourvu de mièvrerie ou naïveté, et conte avec élégance ce que sa jeune protagoniste ignore – et apprend – d’elle-même.

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par Nicolas Bardot

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