Entre ses rêves d’aventures et un regard tendre sur ses parents, le jeune François passe de l’enfance à l’âge adulte. Début des années 50, dans le jardin familial au bord de la Marne, Pierre commence la construction de la réplique du Spray, voilier légendaire sur lequel Joshua Slocum accomplit le tour du monde en solitaire qui l’a rendu célèbre en 1895. Sont enrôlés pour l’occasion dans cette aventure sa femme Geneviève et son fils François. Ce dernier vient d’avoir 11 ans… Il se passionne pour ce projet et pour la figure tutélaire de Slocum, symboles de liberté.
Slocum et moi
France, 2024
De Jean-François Laguionie
Durée : 1h16
Sortie : 29/01/2025
Note :
LES VOYAGES IMMOBILES
Navigateur américain de la deuxième moitié du 19e siècle, Joshua Slocum a réellement existé. Paradoxalement, Slocum et moi n’est pourtant pas à proprement parler un film sur lui et ses ambitieux voyages maritimes. Le héros en est François, adolescent passant des jours tranquilles dans la maison familiale des bords de Marne au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. C’est là, dans un jardin paisible loin de la mer agitée, que le père de François va néanmoins décider de construire son propre bateau.
Il y a en réalité trois voyages dans ce récit d’apprentissage : outre celui de Slocum que François découvre au gré de ses lectures, les deux autres sont immobiles : le jeune protagoniste va se rapprocher de son père aux abords taiseux à mesure que ce dernier va assembler son vaisseau pour nulle part. Inspiré des propres souvenirs d’enfance du cinéaste Jean-François Laguionie, ces récits se superposent sans grande surprise mais harmonieusement, narrés par un François devenu grand. Cette voix off très présente n’est sans doute pas le choix narratif le plus contemporain du film, on se sentirait en effet presque bercé par ce ton chaleureux.
Globalement, il se dégage un charme gentiment désuet de Slocum et moi. Doyen de l’animation française, Laguionie a toujours œuvré à rebours des modes et ses aquarelles artisanales possèdent quelque chose de presque anachronique, comme si le film sortait tel quel d’une toute autre époque. C’est par moments un frein, notamment en ce qui concerne le rythme général plutôt très pépère, mais à d’autre c’est un bel atout poétique, comme à chaque fois que le dessin semble flotter élégament au dessus du papier. Le résultat est autant accessible au jeune public qu’aux cinéphiles.
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par Gregory Coutaut