Festival de Toronto | Critique : Sira

Sira, violée et laissée pour morte par des terroristes en plein désert, va révéler un instinct de survie que ni elle ni ses agresseurs n’auraient soupçonné.

Sira
Burkina Faso, 2023
De Apolline Traoré

Durée : 2h02

Sortie : –

Note :

LA FEMME DES SABLES

« Quelque part au Sahel », indique un carton en ouverture de Sira. Le désert prend en effet toute la place dans le premier plan du long métrage réalisé par la Burkinabée Apolline Traoré (remarquée entre autres avec Frontières, sorti en France en 2018). Un pied apparaît alors dans le cadre : ce que nous voyions n’était qu’un très gros plan sur le sable. Cette introduction et son travail sur les échelles illustrent l’une des approches formelles privilégiées par la cinéaste dans ce film qui fait sa première mondiale au Panorama de la Berlinale.

Le décor est vertigineux, les protagonistes (des Peuls en voyage pour célébrer le futur mariage de la jeune Sira) ne sont d’abord que de vives petites taches de couleurs dans la lumière aveuglante du désert. Après une attaque tragique menée par des terroristes, Sira se met à suivre les codes du survival, et ce décor apparemment trop grand pour l’héroïne prend tout son sens. Celle-ci (incarnée avec conviction par Nafissatou Cissé), seule, traquée et traumatisée, va devoir chercher en elle une résilience insoupçonnée. Avant le drame, un protagoniste commente : « le courage est une manifestation de sagesse, pas de force ». Sira est dotée des deux.

Dans ce long métrage généreux, la cinéaste prend des décisions pour que celui-ci soit le plus accessible possible, tout en ne sombrant pas dans trop de facilités ou de mauvais goût. Le travail sur les couleurs est remarquable, sans que la beauté ne soit louche, ou au détriment de l’histoire. La manière de créer la tension (la mise en scène de l’action, la construction du dénouement) ne crée pas un suspens malvenu dans cette fiction qui dépeint une situation réelle. Le résultat est solide et devrait certainement poursuivre son parcours en festivals.

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par Nicolas Bardot

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