Au décès de sa mère, Aga renonce à vivre en Allemagne avec sa compagne Maja pour s’occuper de son jeune frère en Pologne. Afin d’y parvenir, elle doit cacher à l’administration son amour pour une autre femme.
Silent Love
Pologne, 2022
De Marek Kozakiewicz
Durée : 1h12
Sortie : –
Note :
ESPRIT DE FAMILLE
« Il est impossible de tromper la biologie, tu regarderas toujours les femmes » : c’est ce qu’assène une voix d’homme, très sûre d’elle, à des jeunes garçons dans Silent Love. Malgré son jeune âge, Miłosz peut probablement percevoir la stupidité infantilisante du prêchi-prêcha homophobe : sa propre grande sœur est lesbienne et en couple avec une femme. Mais cet amour, comme l’indique le titre du premier long métrage réalisé par le Polonais Marek Kozakiewicz, doit – pour le moment – rester silencieux. Et contrairement aux sermons paternalistes, la vie telle que le cinéaste la saisit est toujours moins simple qu’en apparence.
Encore adolescent, Miłosz vient de perdre sa mère, n’avait déjà plus de père, et sa grande sœur revient s’occuper de lui. Aga va devenir sa mère d’adoption, mais une lesbienne peut-elle assumer ce rôle dans une société aussi homophobe ? Les interrogatoires et les comptes à rendre s’enchainent tandis que l’homosexualité reste un secret. Il y a une grande douceur dans la lumière de Silent Love, un sentiment d’intimité qui vient peut-être du dispositif réduit : le cinéaste qui a vécu avec ses protagonistes est également le directeur de la photographie et le preneur son.
Malgré la douceur, la réalité homophobe s’invite par la radio, la télé ou évidemment l’église. La réponse la plus intelligente apportée par le film est une redistribution et une redéfinition des rôles familiaux. La sœur peut être une mère, la belle-mère butch un pote, l’absence de père un non-problème, rien n’est aussi figé que les images d’Epinal patriarcales. Les dynamiques entre les protagonistes sont riches et c’est ce qui fait la beauté tranquille et bienveillante de ce touchant portrait familial.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot