Festival de Locarno | Critique : Reinas

Deux sœurs adolescentes sont sur le point de quitter leur pays pour toujours lorsqu’elles renouent de manière inattendue avec un père absent. Cette relation va à la fois amplifier et soulager leur peur du changement.

Reinas
Pérou/Suisse, 2024
De Klaudia Reynicke

Durée : 1h44

Sortie : 

Note :

MÉMOIRES EN FUITE

Dans l’une des toutes premières scènes de Reinas, Elena demande à ses deux filles d’aller ouvrir la porte d’entrée. « C’est votre père », prévient-elle, ce à quoi les jeunes filles répondent d’un froncement de sourcils songeur. « Papa ? » répètent-elles lentement, comme si ce mot leur évoquait un souvenir brumeux. Les deux jeunes ados ont beau être des gamines comme les autres, la répartition des rôles familiaux autour d’elles semble être passée par une redistribution un peu chaotique. Grand-mère a en effet pris la place autoritaire d’un père certes absent mais tout à fait sympathique.

« Que Dieu nous vienne en aide » supplie un présentateur à la télévision. En effet, un chaos bien plus dangereux guette à la porte de cette maison recomposée, il s’agit d’un conflit armé qui pousse une partie de la population à fuir à l’étranger. Les deux jeunes héroïnes n’ont qu’une idée confuse de la situation mais leur mère a déjà pris la décision : un travail l’attend aux Etats-Unis et pour pouvoir faire passer la frontière à ses filles, elle a justement besoin de l’autorisation de leur père joyeusement démissionnaire.

Si Reinas n’est pas à proprement parler autobiographique, la cinéaste helvético-péruvienne Klaudia Reynicke dit néanmoins s’être inspirée de ses souvenirs d’enfance et de son départ définitif du pays. Reinas n’est pas pour autant un film sur la situation politique du Pérou à l’époque. Hormis une séquence où les deux filles se font interroger par la police, le danger est laissé hors-champ. Si ces héroïnes vont devoir grandir dans des conditions hors normes, Reinas demeure un film d’apprentissage au déroulé classique. L’ensemble ne cherche pas à faire preuve d’une originalité incroyable mais possède un certain charme attachant.

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par Gregory Coutaut

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