Un village sur la côte galicienne. Le temps semble s’être arrêté. La nature et les animaux s’épanouissent librement. Les humains paraissent vivre dans une dimension parallèle, comme dans des limbes peuplées de spectres.
Red Moon Tide
Espagne, 2020
De Lois Patiño
Durée : 1h24
Sortie : –
Note :
THE TIDE IS HIGH
Le générique de Red Moon Tide, second long métrage de l’Espagnol Lois Patiño (lire notre entretien), s’ouvre sur une fabuleuse carte du monde dont les mers sont peuplées de monstres marins. Le dispositif narratif qui suit, quelque part dans un village de Galice, est pour le moins ascétique et Patiño n’a pas peur d’être hardcore. L’imaginaire de Red Moon Tide, pourtant, est d’une grande générosité. Cet univers apathique est peuplé de diables, de sorcières, de monstres et de fantômes. L’étrange relief des roches sur la plage semble lui-même surnaturel. C’est aussi une question de regard : des plans en plongée donnent à la nature une dimension surréelle, et la mer le temps de quelques plans est vue comme une étrange nappe grise.
Dans un film qui paraît entièrement tourné au ralenti, Lois Patiño mise sur le tout-poétique. C’est un geste radical d’une grande beauté qui nous plonge régulièrement dans un état de sidération. Comme une stupéfaction à l’arrêt devant un monde qui est à la fois bucolique et inquiétant. Des étoiles jusqu’aux fonds marins, le cinéaste nous invite dans une évocation hypnotique des limbes : sommes-nous sur Terre, dans une dimension parallèle, ou même sur Mars ? C’est peu dire que ce cinéma-là nous fait voyager très loin.
Du cinéma post-apo à l’expérimental fantastique, Red Moon Tide est habité par une puissance picturale impressionnante – le travail sur le cadre, les couleurs, les sources lumineuses est remarquable. « Le ciel et la nuit sont comme une grande mer » et on s’immerge dans le film avec délectation. Voyez-vous souvent des longs métrages qui parviennent à créer un monde de toutes pièces ?
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par Nicolas Bardot