A voir en ligne | Critique : Proxima

Sarah est une astronaute française qui s’apprête à quitter la terre pour une mission d’un an, Proxima. Alors qu’elle suit l’entraînement rigoureux imposé aux astronautes, seule femme au milieu d’hommes, elle se prépare surtout à la séparation avec sa fille de 8 ans.

Proxima
France, 2019
De Alice Winocour

Durée : 1h47

Sortie : 27/11/2019

Note :

SUR LA TERRE COMME AU CIEL

À plusieurs reprises dans Proxima, on peut voir Sarah, l’héroïne brillamment interprétée par Eva Green, essayer une sorte d’armure robotique. C’est celle d’une super astronaute qui s’entraine à partir dans l’espace ; c’est aussi, comme on va le découvrir, l’armure d’une super maman qui doit tout concilier dans son quotidien. Tout cela est assez ironique car Alice Winocour tord précisément le cou aux clichés attendus et il n’est guère question dans ce long métrage d’astronaute ou de mère parfaites.

Avec subtilité, Winocour déjoue les codes épais de la science-fiction viriliste, avec ses récits empaillés de transmission filiale et d’héroïsation paternelle. « C’est pas le protocole ? On va faire autrement pour une fois » – cette réplique entendue dans Proxima semble s’appliquer également à l’approche de Winocour. Le film, en fait, ne s’inscrit pas vraiment dans le genre de la science-fiction : tout dans Proxima se passe sur Terre, le long métrage, très documenté, s’intéresse aux aspects les plus concrets du métier d’astronaute et ses considérations ne tiennent pas du fantasme spatial.

En quelques plans, Winocour installe ses personnages et l’histoire ; il faut un vrai talent d’écriture pour en dire autant en si peu. Tandis que tout le monde a le regard rivé sur Mars, une question se pose dans Proxima : qu’est-ce qui nous raccroche à la Terre et qu’est-ce qu’on s’apprête à laisser ? Dans l’ombre de la grande aventure spatiale, la cinéaste traite de la difficulté à quitter la planète. Elle filme ce qui reste encore aujourd’hui incroyable, mais elle le fait à échelle humaine. Être une bonne mère nécessite autant d’effort ici qu’être une bonne astronaute. Par touches délicates, l’enfant est filmée comme un fantôme posé par-dessus l’épaule, ou comme une surimpression à travers la vitre. La finesse de ce traitement fait merveille dans ce drame poignant sur la condition féminine, sur la maternité, sur des rêves certes perchés dans les étoiles mais dont le cœur humain bat sur Terre.


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par Nicolas Bardot

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