Festival Entrevues Belfort | Critique : Pacheû

Essai documentaire sur le massif du Mont-Blanc réalisé avec des guides de haute montagne et des géomorphologues dans un contexte de changement climatique brutal. Trois « dialogues – lectures de terrain » associés aux images de gestes et de corps composent des récits sensibles et subjectifs.

Pacheû
France, 2023
De Camille Llobet

Durée : 1h00

Sortie : –

Note :

LE GRONDEMENT DE LA MONTAGNE

C’est très concret, et pourtant pratiquement invisible : dans Pacheû, l’artiste plasticienne Camille Llobet dépeint l’effet dramatique du dérèglement climatique et de la fonte des glaces. Le décor, dans Pacheû, présenté cette semaine en compétition au Festival Entrevues Belfort, semble immuable. On grimpe sur ces montagnes et la montée est laborieuse – on entend le souffle qui accompagne la marche. C’est une immersion particulièrement efficace : le bruit des pas, celui du vent et l’absence de dialogues nous enveloppent.

Puis, au contraire, les protagonistes viennent décrire quelque chose que l’on ne voit pas immédiatement à l’écran. Mais comment décrire avec des mots la singulière architecture des pierres, les dessins dans la neige ? Guides et géologues, voilà quelques petites taches rouges eu bleues dans l’immensité blanche. Quelles merveilles cachées restent à trouver, d’où viennent ces bruits étranges et lointains ? Dans Pacheû, il y a autant à entendre qu’à voir – le travail sur le son et ce qu’il raconte est remarquable.

On croirait l’entendre respirer : la montagne semble bel et bien vivre. Mais meurt-elle ? Pacheû évite le didactisme du documentaire scolaire car cette évocation minimaliste sollicite avant tout nos sens. Des plans fixes tentent de saisir ce qui semble immobile pour toujours, mais qui ne l’est pas – ce qui, en fait, bouge après avoir été statique pendant des milliers d’années. La montagne porte en elle des chemins, des traces, des empruntes, une usure, et le film examine de manière à la fois retenue et spectaculaire comment cet espace infini s’apprête à craquer.

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par Nicolas Bardot

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