Critique : Minari

Une famille américaine d’origine sud-coréenne s’installe dans l’Arkansas où le père de famille veut devenir fermier. Son petit garçon devra s’habituer à cette nouvelle vie et à la présence d’une grand-mère coréenne qu’il ne connaissait pas.

Minari
États-Unis, 2020
De Lee Isaac Chung

Durée : 1h56

Sortie : 23/06/2021

Note :

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE

Minari arrive dans les salles françaises auréolé de 6 nominations aux Oscars, un Grand Prix à Sundance et une centaine d’autres prix glanés dans le monde. Remarqué il y a une dizaine d’années à Un Certain Regard avec son premier long métrage Munyurangabo, l’Américain Lee Isaac Chung délivre ici un récit autobiographique, librement inspiré de sa propre enfance dans l’Arkansas et dans l’Amérique des années 80.

Le premier plan de Minari se concentre sur un garçonnet qui, avec sa famille, se retrouve loin de tout – loin de la Corée que ses parents ont quittée, loin de la civilisation américaine aussi dans un mobil-home miteux et soumis aux éléments. Le cinéaste signe ici un récit américain archétypal avec cette chronique familiale et ce rêve auquel les membres de la famille s’accrochent tant bien que mal. On pense à des parentés cinématographiques mais aussi littéraires, comme lorsque Josephine Johnson racontait dans Novembre (son prix Pulitzer de 1935) le calvaire de paysans de la Grande Dépression luttant pour leur survie face aux tempêtes. Les héros ici sont Asio-Américains, mais les motifs restent universels.

Minari est particulièrement rehaussé et rendu vivant par sa brillante distribution. En tête, Steven Yeun (qu’on a pu voir auparavant dans The Walking Dead ou Burning) et Han Ye-ri (découverte il y a quelques années dans Sea Fog) offrent charisme et nuance à leurs personnages – mais ils se font régulièrement voler la vedette par la toujours excellente Youn Yuh-jung qui aspire l’air de chacune des scènes où elle apparaît sans pour autant être une caricature de grand-mère pittoresque. Ils compensent l’aspect malheureusement scolaire du film, qu’il s’agisse de sa mise en scène appliquée ou son écriture sage. La force de cette histoire et la conviction avec laquelle celle-ci est incarnée priment malgré tout.

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par Nicolas Bardot

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